La Chambre du peuple n'a pas débattu du fond de l'initiative sur l'interdiction de la burqa, mais uniquement de cette question d'un contre-projet indirect. Et les conseillers nationaux proposent d'y intégrer des mesures pour favoriser l'intégration et l'égalité. C’est une modification importante par rapport à la version du Conseil fédéral, qui est à l'origine de ce contre-projet.
Prendre au mot les initiants
Avec son initiative, le comité d'Hegerkingen - proche de l'UDC - dit vouloir interdire la burqa pour protéger le libre-arbitre des femmes. Une majorité du Conseil national a décidé de le prendre au mot et, en guise de contre-projet, d'accepter des encouragements à l'égalité entre hommes et femmes en Suisse et à l'étranger.
La démarche est soutenue notamment par la socialiste fribourgeoise Valérie Piller Carrard. "Ce contre-projet efficace nous aide beaucoup plus, nous les femmes, qu'une discussion alibi sur un document par lequel les initiants visent en réalité l'islam en tant que religion", a-t-elle dit à la tribune.
C'est une manière, en quelque sorte, de prendre les initiants à leur propre jeu. Et ce n'est pas du goût de l'UDC. L'Argovien Andreas Glarner estime ainsi qu'on trahit complètement les intentions de l'initiative: "Ils veulent interdire la burqa et le fait de se dissimuler le visage. Et qu'en faites-vous? Une proposition pour l'égalité en élargissant les mesures et les programmes sociaux", a-t-il rétorqué.
Réticences aussi chez les Verts
L'UDC n'est du reste pas la seule à s'être opposée au contre-projet. C'est aussi le cas d'une bonne partie des Verts, mais pour une tout autre raison. Ces derniers estiment qu'un contre-projet revient à admettre qu'il y a un problème autour de la burqa. Pour eux, il n'est donc pas question d''accepter des mesures pour l'égalité alors que le fond du débat porte sur l'interdiction de la burqa.
10'000 francs d'amende
Quoi qu'il en soit, il y aura bien un contre-projet. Le Conseil fédéral propose d'obliger toute personne à montrer son visage à des fins d'identification - par exemple lors d'un contrôle à la frontière ou dans les transports publics. Le visage doit être découvert du front au menton. Et si une personne refuse, elle sera punie d'une amende de 10'000 francs.
Julien Bangerter/oang