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G8: procès de l'affaire du pont de l'Aubonne

Pont de l'Aubonne
Le pont de l'Aubonne, d'où est tombé l'activiste Martin Shaw
Le procès des deux policiers impliqués dans l'affaire du pont de l'Aubonne s'est ouvert lundi à Nyon. L'audience a mis en évidence les problèmes de compréhension entre le sergent vaudois et son subordonné schaffhousois.

Les deux hommes doivent répondre de lésions corporelles par négligence pour avoir sectionné la corde à laquelle deux altermondialistes étaient suspendus lors du sommet du G8 en 2003 à Evian.

«Je ne parle pas du tout l'allemand et mon collègue pas du tout
le français, alors on ne se parlait pas. Je faisais des gestes à
droite ou à gauche», raconte le Vaudois, qui avoue que lui et ses
collègues n'étaient «pas contents» lorsqu'ils ont su que des
Schaffhousois alaient venir les renforcer pour le G8.



Ce dimanche 1er juin 2003, le sergent-major de 51 ans fait équipe
avec un policier schaffhousois de 23 ans qui lui sert de chauffeur.
Les deux agents ne sont pas chargés du maintien de l'ordre, mais de
la conduite et de l'escorte des personnalités qui se rendent au
sommet d'Evian (F).



Après plusieurs interventions à Lausanne, ils sont appelés sur
l'autoroute A1, près du pont de l'Aubonne, où un groupe
d'altermondialistes a tendu une corde en travers de la route. Deux
militants, Martin Shaw et Gesine Wenzel, sont supendus dans le vide
aux deux bouts de la corde de part et d'autre du pont.

Situation chaotique

Le sergent-major vaudois est averti de la situation. Pas son
collègue qui sort son couteau et prend l'initiative de couper la
corde, croyant qu'elle est seulement attachée à la glissière. La
situation était alors chaotique, affirment les policiers. Les
automobilistes immobilisés devenaient agressifs.



«Vous ne vous êtes pas demandé pourquoi vos collègues ne coupaient
pas la corde et préféraient la soulever pour laisser passer des
voitures ?», demande le président. «J'ai cru que les policiers
vaudois n'avaient pas de couteau. A Schaffhouse, il ne fait pas
partie de l'équipement standard», note le Schaffhousois.



Après son geste, le policier ne comprend pas tout-de-suite quel
drame vient de se jouer: «Des gens on crié et se sont penchés vers
le bas du pont. J'ai regardé et me suis rendu compte qu'il y avait
une victime en bas», explique-t-il.

Chute de 20 mètres

Martin Shaw a fait une chute de 20 mètres, se blessant
grièvement au dos et au pied. Par chance, des militants ont réussi
à retenir le bout de corde où était suspendue sa compagne.
L'action, longuement filmée par des militants, a été visionnée lors
du procès.



L'audition des patrouilles de police présentes lors du drame a
montré la complexité de l'organisation policière lors du sommet du
G8. Les policiers dépendaient de postes de commandement différents
et n'utilisaient pas les mêmes radios, ce qui ne facilitait pas la
transmission des informations.



ATS/sch

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Les policiers avaient bénéficié d'un non-lieu

Les deux altermondialistes avaient été jugés et condamnés en 2003 pour entrave à la circulation publique.

L'enquête sur les deux policiers incriminés a dans un premier temps abouti à un non-lieu en octobre 2004.

Les manifestants ont recouru et obtenu en mai 2005 le renvoi devant le Tribunal correctionnel de Nyon.

Aggravation de l'accusation demandée

Jean-Pierre Garbade, l'avocat des deux militants, a demandé une aggravation de l'accusation. Pour lui, il n'y a pas eu négligence, mais une mise en danger de la vie d'autrui.

"Tous les policiers, à l'exception des deux accusés qui le nient, savaient que des personnes étaient accrochées à la corde", a-t-il déclaré.

«Je ne parle pas du tout l'allemand et mon collègue pas du tout
le français, alors on ne se parlait pas", s'est défendu le sergent-major vaudois lors de l'audience.

«Je dois dire que nous n'étions pas contents lorsque nous avons su que nous aurions des collègues schaffhousois pour nous renforcer au G8», a-t-il ajouté.
Les avocats des deux accusés plaideront l'acquittement.