Invitée du 19h30 lundi, Simonetta Sommaruga se réjouit donc de cette fermeture. Elle estime toutefois que l'aspect le plus important des centrales nucléaires est la sécurité. Il n'est dès lors pas possible selon elle de comparer le cas Mühleberg (BE) avec celui des autres centrales en Suisse: "C'est la sécurité qui compte. Aussi longtemps que les centrales sont sûres, elles peuvent continuer à opérer", explique celle qui présidera la Confédération en 2020.
Un mode de production qui continuera mais qu'elle voit néanmoins décliner dans le futur: "Les investissements pour la sécurité des centrales sont très coûteux. C'est la raison de l'arrêt de Mühleberg, et ça ira dans la même direction pour les autres centrales du pays."
"On a les surfaces et les technologies pour le solaire"
A terme, il faudra donc compenser cette énergie. Pour la socialiste, les panneaux solaires représenteront une opportunité capitale à saisir dans cette transition. La ministre de l'Environnement estime ainsi qu'avec l'abaissement des coûts, "il sera possible, avec un même montant d'argent, de produire davantage d'énergie solaire".
Une conversion qui doit concerner l'ensemble de la société: "Ce qui est important maintenant, c'est qu'on mette ces panneaux solaires sur nos toits, ou encore nos parkings. Les paysans aussi peuvent contribuer à cet effort, en vendant par exemple de l'énergie solaire. En Suisse, nous avons 200 fois plus d'énergie solaire à disposition que ce que consomme notre pays. Nous avons les surfaces et les technologies et nous devons être prêts à investir maintenant."
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Inciter et non obliger
Dans certains Etats américains, on oblige l'installation de panneaux solaires à chaque nouvelle construction. Simonetta Sommaruga estime l'approche erronée. Pour elle, il ne faut pas "obliger" les gens, mais leur faire comprendre les avantages "évidents" qui découlent de ce changement énergétique.
Dans le même ordre d'idée, la conseillère fédérale estime qu'il ne serait pas judicieux d'interdire certains types de voitures polluantes: "Il y a beaucoup de voitures électriques et c'est justement la tâche de l'Etat de donner un cadre et des infrastructures suffisantes pour rendre possible une électro-mobilité."
Et de louer une politique incitative assumée: "La Suisse a de bonnes expériences avec des mesures incitatives. Nous avons 30 ans pour établir la transition énergétique dans notre pays. En investissant maintenant, on veut qu'une majorité de la population soit convaincue par nos mesures. Nos investissements seront aussi bénéfiques pour les emplois. A terme, nous pourrons sans doute même, si nous avons de bonnes solutions, exporter nos technologies."
Le climat n'est pas le monopole des Verts
Après la vague verte des dernières élections, les écologistes ont tenté de conquérir une place au Conseil fédéral. La réélection d'Ignazio Cassis a finalement barré les espoirs de Regula Rytz.
Pour Simonetta Sommaruga, cette situation n'est pas un problème fondamental. La Bernoise estime en effet que la "politique climatique" n'est pas la question d'un seul parti. Et de conclure: "Cest une question qui nous occupe tous."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Tristan Hertig