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Asile et étrangers: partis bourgeois unis

Bruno Frick, Fulvio Pelli et Ueli Maurer, main dans la main?
Bruno Frick, Fulvio Pelli et Ueli Maurer, main dans la main?
Aujourd'hui encore, 80% des demandes d'asile sont abusives, d'après le PDC, le PRD et l'UDC, qui recommandent d'accepter la loi révisée sur l'asile et celle sur les étrangers, soumises au vote fin septembre. Les arguments diffèrent.

Unis sur le fond, mais pas forcément sur la forme, les trois
partis ne créeront pas un comité bourgeois commun mais feront
campagne séparément, car leurs arguments diffèrent, a expliqué
Fulvio Pelli, président du PRD.



Ils ont néanmoins opté pour une conférence de presse commune mardi
à Berne, parce qu'ils se rejoignent sur l'acceptation de ces deux
lois. Le "oui" aux lois sur l'asile et les étrangers était
toutefois le plus petit dénominateur commun, a expliqué Bruno
Frick, le président par intérim du PDC.

PRD, PDC et UDC sont convaincus que la loi sur les étrangers
datant de 1934 ne satisfait plus aux exigences actuelles. La
nouvelle loi règle le séjour des pays non membres de l'UE et
encourage leur intégration. Elle combat plus efficacement des abus
comme les mariages de complaisance ou le séjour illégal, selon
eux.



Quant à la révision de la loi sur l'asile, elle offre protection
aux vrais réfugiés et ramènera rapidement dans leurs pays d'origine
les faux réfugiés, estiment-ils. Elle est conforme à la tradition
humanitaire vieille de plusieurs siècles de notre pays.

Efforts insuffisants

Cette tradition ne peut être préservée que si les abus sont
rigoureusement combattus, a déclaré Bruno Frick, vice-président du
PDC. Les demandeurs d'asile exaspèrent la population car ils sont
plus nombreux que la moyenne à tomber dans la délinquance. Et
souvent, des criminels ne peuvent être renvoyés chez eux, car ils
ne coopèrent pas ou qu'il n'existe pas d'accord de
réadmission.



De nombreux citoyens ont l'impression que beaucoup d'étrangers ne
font pas assez d'efforts pour s'adapter et profitent des
prestations fournies par l'Etat. Le PDC prend ces inquiétudes au
sérieux, a-t-il ajouté. L'immigration doit aller de pair avec
l'intégration et une bonne qualification, telle que la prévoit la
nouvelle loi sur les étrangers.

"Abus professionnels"

Pour Ueli Maurer, président de l'UDC, les abus deviennent de
plus en plus fréquents et plus systématiques, pour ne pas dire
professionnels. La révision de la loi sur l'asile a pour but de les
contrôler, en obligeant le requérant à présenter des pièces
d'identité et en prolongeant la durée de la détention à des fins
d'expulsion.



Actuellement des mois s'écoulent entre le refus d'une demande
d'asile et l'identification de la personne pour pouvoir la renvoyer
ans son pays. Si la réunion des documents nécessaires prend plus de
temps que ne dure la détention maximale à des fins d'expulsion, les
requérants déboutés doivent être libérés et disparaissent souvent
dans la nature, a-t-il rappelé.

Accueil sélectif

Fulvio Pelli, président du PRD a plaidé en faveur d'un accueil
des personnes qui en ont un besoin urgent et celles bien
qualifiées. La nouvelle loi sur les étrangers améliorera leur
intégration. Celle sur l'asile permettra à la Suisse de prendre
davantage de décisions conforme avec la Constitution et le droit
international.



Selon la nouvelle politique migratoire du PRD qui tient compte du
contexte global, la Suisse devrait fournir davantage d'engagement
dans les pays concernés par la pauvreté, a-t-il souligné. Cela
permettra d'intervenir sur les causes des mouvements de fuite ou de
migration.



ats/sn

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PS et Verts disent non

Face aux partis bourgeois, la gauche se révèle elle aussi unie. Lors de leurs récents congrès respectifs, les délégués du PS et des Verts se sont prononcés contre les lois révisées sur l'asile et les étrangers. Ils ont été imités par les syndicats, comme Unia.

Les libéraux de leur côté ont dit oui aux deux textes, mais avec une très courte majorité (18-16) pour ce qui concerne la révision de la loi sur les étrangers, la plus contestée.

Terre des hommes s'inquiète

Plusieurs dispositions de la loi révisée sur l'asile et de la nouvelle loi sur les étrangers ne sont pas conformes à la convention des droits de l'enfant. Ceci ressort d'une analyse juridique présentée lundi à Berne par Terre des hommes.

L'étude - réalisée notamment par l'ancien juge des mineurs Jean Zermatten, membre du comité des droits de l'enfant des Nations Unies - montre que plusieurs mesures prévues violent la Convention internationale des droits de l'enfant, ratifiée en 1997 par la Suisse.

S'agissant de l'asile, la loi prévoit de ne plus entrer en matière sur les demandes sans présentation de papiers d'identité. C'est oublier les millions d'enfants jamais enregistrés à l'Etat civil dans le pays qu'ils fuient, souligne l'étude. Si ces mineurs arrivent seuls en Suisse, ils risquent de tomber dans l'illégalité ou aux mains de criminels.