La question des langues est très sensible dans l'administration fédérale et au Parlement, où le combat entre minorités francophones, romanchophones et italophones est permanent. Cette année, l'italien a été au centre de l'attention, car l'ancienne présidente de la Chambre basse et actuelle conseillère aux Etats Marina Carobbio a conduit les débats dans sa langue maternelle.
La pratique va au-delà du symbole. "Le plurilinguisme fait partie de notre cohésion nationale. Il ne faut pas baisser la garde, et faire attention à ce que l'italien ait sa place au Palais fédéral", explique-t-elle dans un français parfait au micro de La Matinale. "C'est un enjeu pour les prochaines années, car la défense des langues et des cultures minoritaires est importante aussi pour la démocratie "
Les parlementaires ont également intérêt à s'exprimer dans la langue qu'ils maîtrisent le mieux, surtout pour les sujets les plus techniques. "On se fait mieux comprendre comme ça. On a vu que les gens comprennent cette volonté et l'apprécient aussi."
Ne pas baisser la garde
La langue de Dante est pourtant quasi absente des débats au Conseil des Etats et dans les commissions, faute de traduction simultanée. "L'italien est en danger si on ne prend pas conscience qu'il fait partie de la culture et de l'identité suisses", estime la native de Bellinzone. "En douze ans de travail au Parlement, j'ai vu des progrès mais il y a encore beaucoup à faire, notamment dans la formation, car c'est là qu'on voit toute l'importance et la richesse des langues, en favorisant par exemples les échanges."
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Pour les jeunes comme pour les parlementaires, céder à l'anglais peut être tentant. "Je reconnais l'importance de l'anglais mais dans un pays qui est basé sur une idée de plurilinguisme, c'est important de connaître les différentes langues nationales. Je ne pense pas qu'il faut les mettre en compétition, mais donner la possibilité à qui veut d'apprendre et de s'exprimer dans la langue de son choix."
Côté investissements, la Confédération injecte chaque année 8 millions dans la promotion de l'italien, promotion qui fut d'ailleurs une priorité de l'Office fédéral de la culture pour la période 2016-2020. Elle devrait le rester quatre années encore.
Propos recueillis par Agathe Birden
Adaptation web: Alexia Nichele