Huit distilleries du Val-de-Travers ont obtenu une concession.
Les "alambics sauvages" n'ont pas complètement disparu pour
autant.
Après une centaine d'années de clandestinité, l'absinthe peut à
nouveau être fabriquée en toute légalité depuis le 1er mars 2005
dans les distilleries au bénéfice d'une concession. Dans le canton
de Neuchâtel, huit entreprises spécialisées du Val-de-Travers ont
reçu le feu vert et ont produit 130'000 litres du fameux alcool,
soit près de 99% de la production totale, a précisé à l'AP Marc
Gilliéron, de la Régie fédérale des alcools.
Le reste provient de distilleries déjà établies des cantons de
Fribourg, du Valais et de Vaud. Il est certes impossible de faire
une comparaison précise avec l'époque de la prohibition, mais on
peut estimer que la production se situait autrefois entre 50'000 et
100'000 litres par an, selon Marc Gilliéron.
La bleue toujours au noir
La légalisation a donc entraîné une augmentation de la
production. Elle n'a pas tué pour autant la fabrication "au noir".
Celui qui a distillé pendant 20 ou 30 ans de la "bleue"
illégalement ne va pas du jour au lendemain faire ami-ami avec
l'Etat, explique Marc Gilliéron.
Sans compter qu'une concession implique le paiement de la TVA et
la possession d'un matériel correspondant aux prescriptions. Les
adeptes de distillation clandestine doivent cependant savoir qu'ils
risquent des poursuites pénales. Plusieurs procédures sont
d'ailleurs en cours.
Et Marc Gilliéron d'inviter dans la foulée tous les producteurs à
demander une concession s'ils veulent éviter des ennuis.
ap/fb
Une question se pose toujours
L'absinthe sera-t-elle bientôt protégée? La demande d'appellation d'origine contrôlée déposée en septembre 2000 auprès de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) suit son cours. Il a fallu attendre la levée de l'interdiction il y a une année pour que la procédure démarre.
Elle n'est donc que dans sa phase initiale, selon Isabelle Pasche, de l'OFAG. L'interdiction, justifiée en 1908 pour des raisons de santé publique, n'a plus de raison d'être, puisque la teneur maximale de la substance considérée comme dangereuse, la thuyone, est désormais fortement réduite et réglementée.
Dans les pays voisins, l'Allemagne a levé l'interdiction en 1981 alors qu'en France, l'absinthe de Pontarlier fait figure de grande concurrente pour le Val-de-Travers.