Dix millions d'arbres couchés et des dégâts évalués à 1,35 milliard de francs, Lothar avait secoué les Suisses au lendemain de Noël. La tempête avait tué 14 personnes pendant son passage et en avait emporté 15 autres lors des travaux de déblayage.
Au total, 2% des arbres du pays avaient été rasés. Les cantons de Berne, Fribourg, Lucerne et Nidwald ont été particulièrement touchés. Dans ces régions, le bois anéanti représentait quatre à dix fois la production annuelle.
Enseignements tirés
Deux décennies plus tard, des enseignements ont été tirés, notamment du côté du secteur forestier. Lothar a contribué à une régénération de la forêt: plus naturelle, elle est aujourd'hui plus résistante que par le passé.
Une des décisions principales prises après Lothar, c'est de laisser faire beaucoup plus la nature
"Une des décisions principales qu'on a prises après Lothar, c'est de laisser faire la nature beaucoup plus", a expliqué l'ancien conseiller d'Etat fribourgois en charge de l'agriculture et des forêts Pascal Corminboeuf au micro de la RTS.
"On a des forêts de plus en plus 'jardinées', c'est-à-dire dans lesquelles on privilégie et on protège tout ce qui repousse naturellement. On a maintenant des arbres de différentes hauteur, et ça, c'est très bon pour leur résistance à de nouvelles catastrophes du même ordre. Dans les forêts uniformes, les dégâts sont beaucoup plus grands", a poursuivi l'ancien homme politique et agriculteur.
>> Plus de détails dans notre article : 20 ans après le passage de Lothar, la forêt fribourgeoise tient mieux debout
Forêts moins denses
L'époque n'est donc plus aux monocultures dense, aux milliers d'arbres plantés de manière très compacte. En 1999, les épicéas disposés de cette manière étaient par exemple tombés comme des châteaux de cartes. Aujourd'hui, comme les forêts sont moins denses, les arbres disposent de plus de place pour s'enraciner.
La recherche a également bénéficié de cette catastrophe. Les spécialistes ont concentré leurs efforts sur le plateau, profitant de cet événement hors norme pour observer le développement écologique dans les premières années qui ont suivi la déforestation.
Le choc initial a été grand. Des forêts que des forestiers avaient soignées pendant toute leur carrière professionnelle ont été détruites, causant une sorte de deuil collectifPeter Brang, chercheur en gestion forestière à l'Institut WSL
"Lothar a permis aux chercheurs d'étudier la vulnérabilité de la forêt, et aux services forestiers de tirer des leçons pour savoir comment s'adapter à de tels événements. Les forestiers sont mieux préparés aujourd'hui", estime Peter Brang, chercheur en gestion forestière à l'Institut fédéral sur la forêt, la neige et le paysage.
"Le choc initial a été grand. Des forêts que des forestiers avaient soignées pendant toute leur carrière professionnelle ont été détruites, causant une sorte de deuil collectif", relate même Peter Brang.
Nouveaux défis liés au changement climatique
"Lothar était un événement extraordinaire, mais on sait maintenant que de tels événements extrêmes vont se reproduire régulièrement. Il y a de nouveaux défis liés changement climatique", prévient le spécialiste.
Sujet radio: Natacha Van Cutsem
Adaptation web: Vincent Cherpillod/ats
L'ouragan a fait chuter le prix du bois
Si on a pu tirer beaucoup d'enseignements de la catastrophe a posteriori, il y a aussi une ombre au tableau: Lothar a fait chuter les prix dans le secteur sylvicole de manière impressionnante.
"La Suisse n'était pas la seule à avoir beaucoup de bois à terre. Avec une offre aussi forte, les prix ont dégringolé, ce qui a rendu encore plus élevée la dette suite au passage de Lothar", se souvient l'ex-conseiller d'Etat fribourgois Pascal Corminboeuf.
Les cours du bois de sciage se sont quelque peu relevés en 2005, mais le secteur sylvicole n'a jamais retrouvé son niveau d'avant la tempête.