L'armée suisse doit se donner les moyens de protéger la
population face aux nouvelles menaces liées au terrorisme, estime
le PDC. Il réclame des unités mobiles et mécanisées et demande de
mettre également l'accent sur la sécurité de l'espace aérien.
«La menace peut venir de n'importe où: d'un sac à dos ou d'un
natel», a indiqué le conseiller national Jakob Büchler (SG) lundi
devant la presse lors de la présentation des lignes directrices du
PDC suisse concernant l'armée et la politique de sécurité. Il
s'agit de consolider les nouvelles orientations prises par Armée
XXI.
Dans son développement, la réforme prévoit d'intensifier les
moyens de lutte contre les nouvelles menaces dites asymétriques, a
poursuivi Jakob Büchler. Le terrorisme mais également les
catastrophes naturelles peuvent «surgir de façon soudaine». Ils
nécessitent une disponibilité opérationnelle rapide et une grande
flexibilité des forces d'intervention», écrit le PDC dans son
papier de position.
Coupes budgétaires dénoncées
En contrepartie, la défense au sens classique du terme sera
réduite. «De grandes batailles de chars sont à l'heure actuelle peu
vraisemblables», a constaté le conseiller national Arthur Loepfe
(AI). Face à ce changement, la Suisse doit donc disposer «d'unités
mécanisées assurant la protection au sol et dans l'espace
aérien».
Ce dispositif demande des moyens financiers conséquents. C'est
pourquoi le conseiller aux Etats Urs Schwaller (FR) refuse de
nouvelles coupes budgétaires dans le domaine de l'armée. «Les 3,85
milliards de francs actuellement au budget sont un minimum», a-t-il
précisé.
Les missions de l'armée
Les démocrates-chrétiens ont défini le profil de l'armée suisse
dans une optique à moyen terme. En premier lieu, elle doit soutenir
les autorités civiles, en collaboration avec les cantons et les
communes, en cas de catastrophes naturelles par exemple. En cas de
menaces terroristes concrètes, elle doit pouvoir protéger des
infrastructures importantes comme des centrales nucléaires. Elle
doit aussi être capable de se défendre contre une attaque
militaire.
Concernant la promotion de la paix, Urs Schwaller a clairement
fait la distinction entre maintien et imposition de la paix. Dans
le deuxième cas, le PDC exclut tout envoi de troupes dans les
régions concernées.
Programme d'armement soutenu
Le PDC est favorable au prochain programme d'armement. La
question de l'achat de chars de génie et de déminage devra
cependant encore être discutée au sein du parti. Jakob Büchler
reste cependant très ferme: «Nous n'achèterons pas de nouveaux
chars», a-t-il dit.
Le PDC reste convaincu que l'armée de milice est la meilleure
solution pour la Suisse. «L'obligation de servir existe et elle
doit être conservée», a clairement fait savoir Arthur Loepfe. Les
démocrates-chrétiens encouragent l'engagement volontaire des femmes
au sein de l'armée.
Cours de répétition à l'étranger ?
Le PDC est aussi ouvert à la proposition du conseiller fédéral
Samuel Schmid d'organiser des cours de répétition à l'étranger.
Arthur Loepfe a fait remarquer que les places d'entraînement en
Suisse étaient souvent trop petites pour permettre des exercices
grandeur nature. Jakob Büchler a précisé que les forces aériennes
s'exerçaient déjà hors des frontières.
Le conseiller aux Etats Urs Schwaller a toutefois exclu toute
collaboration à grande échelle avec des forces étrangères. Cette
prise de position est motivée par la neutralité helvétique.
ats/cab/hof
Le point de vue des autres partis
D'une armée de milice forte à la suppression totale de l'armée, les partis ont des visions différentes voire diamétralement opposée sur la politique de sécurité. Comme le PDC, le PRD soutient les plans de réforme de l'armée suisse. Les radicaux exigent un budget d'environ 4 milliards de francs par année et la poursuite de la politique de coopération internationale.
L'UDC refuse catégoriquement cette coopération «qui met en danger la sécurité du pays». Elle ne veut pas de la professionnalisation de l'armée ou de la réduction des effectifs et désire supprimer les missions à l'étranger.
Les démocrates du centre soutiennent en revanche une coopération intérieure visant à lutter contre le terrorisme. Ils sont en faveur d'une armée de milice forte avec l'obligation de servir pour tout citoyen.
Au contraire du PS qui ambitionne de supprimer pas à pas l'obligation de servir. L'armée devrait se composer de 12'000 soldats professionnels ou contractuels et de 38'000 volontaires, selon la conception socialiste. Un effectif de 1500 militaires devrait être disponible en permanence. Les actions en faveur de la paix à l'étranger sont soutenues par les socialistes.
Les Verts suisses demandent un moratoire sur l'achat de matériel militaire et sur l'engagement militaire à l'étranger. Ils refusent toute collaboration internationale de la Suisse dans la lutte contre le terrorisme. De plus, selon le parti écologiste, l'armée ne doit en aucun cas s'occuper de la sécurité intérieure.
Le Groupement pour une Suisse sans armée (GSSA) veut faire disparaître tout service militaire en Suisse.