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Bertrand Piccard: "Non, la Suisse ne fait pas assez pour protéger le climat"

La Suisse doit être plus audacieuse pour la défense du climat: interview de Bertrand Piccard
La Suisse doit être plus audacieuse pour la défense du climat: interview de Bertrand Piccard / Forum / 11 min. / le 2 janvier 2020
Invité jeudi dans Forum, le président de la Fondation Solar Impulse Bertrand Piccard estime que la Suisse peut et doit faire davantage pour protéger l'environnement. "Dans ce pays, on a l'impression que tout va bien", dénonce-t-il.

"La Suisse a régressé dans la liste des pays qui font le plus pour le climat. Cela s'explique facilement: ici, les gens sont respectueux, les rues sont propres et il n'y a pas de smog. Beaucoup de gens se demandent donc pourquoi il faudrait faire des efforts, alors que la Suisse produit 0,02% des émissions de CO2 dans le monde", explique Bertrand Piccard.

Selon l'explorateur, la question n'est pas là. "Si la Suisse devenait neutre sur le plan carbone, cela ne changerait peut-être pas le monde, mais toute l'économie d'exportation. Nous serions un exemple de technologie propre, qui serait exportée et qui créerait des emplois", assure-t-il.

"Créer un consensus"

Parmi les freins à cette croissance verte, Bertrand Piccard pointe notamment du doigt les chauffages au mazout, "une aberration". "La Suisse doit avoir une politique énergétique et environnementale, une réglementation, basée sur les technologies qui existent maintenant et pas sur celles qui existaient il y a dix ou vingt ans", lâche le Vaudois.

Mais les moeurs ne risquent selon lui pas de changer avec la situation actuelle: "Le président de l'UDC (ndlr: Albert Rösti) est en même temps le président de Swiss Oil, l'association qui représente les négociants en combustible pour les chauffages. Il y a un conflit d'intérêt terrible entre l'UDC et la transition énergétique, c'est inadmissible."

L'aéronaute s'en prend aussi aux écologistes. "La plus grande partie des recours contre les énergies renouvelables est faite par les écologistes. Il faut qu'ils comprennent que les grands problèmes doivent passer en priorité. Quel que soit le bord politique, il faut créer un consensus pour que les technologies propres passent en priorité. A partir de là, le PIB de la Suisse va augmenter", prévoit Bertrand Piccard.

Rencontre avec Simonetta Sommaruga

La Fondation Solar Impulse sélectionne actuellement mille solutions ou technologies permettant à la fois de protéger l'environnement et d'être viables économiquement. Bertrand Piccard présentera quelques-unes de ces solutions concrètes à la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, qu'il rencontrera en janvier.

"J'attends de sa présidence une analyse de l'impact de toutes les nouvelles technologies propres, renouvelables, qui peuvent être utilisées en Suisse, et de les favoriser par une réglementation moderne", conclut l'explorateur.

gma

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