Jusqu'à vendredi, plus de mille scientifiques et ingénieurs sont
réunis à Genève pour échanger leurs expériences. Dans son
allocution d'ouverture, Moritz Leuenberger a souhaité que la Suisse
renforce ses mesures de prévention, même si le risque de
tremblement de terre y est seulement faible à modéré.
Les éventuels dégâts évoqués
«Nous ne pouvons pas éviter un tremblement de terre, mais nous
pouvons minimiser ses effets», a déclaré Moritz Leuenberger.
Environ 90% des bâtiments en Suisse n'ont pas été conçus pour
résister aux séismes ou sont bâtis selon des normes dépassées. Un
événement de magnitude 6 causerait des dégâts matériels de l'ordre
de sept milliards de francs. Avec une force de 7, les dommages
avoisineraient les 60 milliards en Suisse.
Statistiquement, la Suisse est exposée tous les dix ans à un
séisme de magnitude 5 et tous les cent ans à un événement de
magnitude 6. Moritz Leuenberger a souhaité que la Suisse et les
pays européens dressent des inventaires de la sécurité de leurs
constructions. Il a demandé de mettre l'accent surtout sur les
infrastructures, comme les hôpitaux, les réseaux de distribution
d'énergie, les barrages, centrales nucléaires, casernes de
pompier.
Révision de la Constitution proposée
Il a plaidé pour des codes obligatoires de construction
parasismique, des institutions de contrôle et un système
d'assurance, publique ou privée. Le chef du Département de
l'environnement, des transports, de l'énergie et de la
communication (DETEC) a proposé une révision de la
Constitution.
Elle permettrait de donner des compétences à la Confédération,
alors que la prévention dans le secteur de la construction est
actuellement l'affaire des cantons et que les nouveaux bâtiments
privés ne respectent pas les normes sismiques. «Cette démarche n'a
pas encore abouti, faute de volonté politique et par crainte de ses
conséquences financières. Et parce que le risque est encore
considéré comme trop peu important», a regretté Moritz
Leuenberger.
Mille experts réunis à Genève
Jusqu'à vendredi, les experts doivent discuter de normes ciblées
de construction parasismique. Le surcoût lié à la protection ne
dépasse généralement pas les 1% des coûts de l'ouvrage. Les moyens
consacrés à la recherche, encore insuffisants, doivent être
fortement accrus, et les efforts de formation des architectes et
ingénieurs doivent être mieux soutenus.
La conférence, la première à l'échelle européenne sur le génie
parasismique et la sismologie, est organisée notamment par le
Service suisse de sismologie (SED) de l'Ecole polytechnique
fédérale de Zurich (EPFZ) et l'Office fédéral de l'environnement
(OFEV).
ats/hof
Derniers séismes et régions à risques
Le service sismologique suisse enregistre chaque année en moyenne dix séismes ressentis par la population. Ils résultent de la collision entre les deux plaques continentales africaine et européenne aboutissant à la formation de la chaîne des Alpes. Le dernier séisme ayant provoqué des dégâts en Suisse a eu lieu en 1991.
Les régions les plus exposées sont le Valais, la région bâloise, la Suisse centrale, l'Engadine et la vallée du Rhin. De grands tremblements de terre ont eu lieu à Bâle en 1356, à Viège en 1855, à Sierre en 1946. La probabilité est la plus élevée en Valais.
Les plus puissantes secousses ont été recensées à Ardon (1524), Aigle (1584), Brigue (1755), Birgisch (1837), Viège (1855), Ayent et Sierre (1946) et Brigue (1960).
Sur le plan fédéral, la Centrale de coordination pour la mitigation des séismes, rattachée à l'OFEV, a contrôlé jusqu'ici plus de 300 bâtiments de la Confédération et 3000 ponts routiers ainsi que le Palais fédéral. Jusqu'à 2008, près de 500 ouvrages fédéraux supplémentaires seront inventoriés.
Au niveau cantonal, seulement 2 % des bâtiments publics ont été inventoriés. Hormis les cantons du Valais et de Bâle-Ville, aucun canton n'a intégré la prévention des risques sismisques dans sa législation sur les constructions.
En Suisse, 95% des bâtiments relèvent de la propriété privée. Aucune évaluation du risque sismique n'a été effectuée pour la majorité de ces bâtiments, selon l'OFEV. Les dommages liés aux séismes ne sont pas assurés.