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Mutilations féminines: la lutte est lancée

Le canton du Valais part en guerre contre l'excision.
Le canton du Valais part en guerre contre l'excision.
Sujet tabou, les mutilations génitales féminines existent pourtant en Suisse. L'Institut international des droits de l'enfant (IDE) bet le canton du Valais ont décidé de briser le mur du silence qui entoure ces pratiques.

Chaque 15 secondes, une mutilation génitale féminine (MGF) est
perpétrée dans le monde. La Suisse n'échappe pas à cette pratique
justifiée par la culture de certains pays.



Une MGF est le plus souvent exercée sous le couvert de préserver
la virginité des jeunes filles, améliorer le plaisir masculin ou
encore empêcher celui des femmes considéré comme malsain. Deux
enquêtes menées en 2001 et 2004 par l'UNICEF révèlent qu'environ
7000 femmes et filles excisées vivent sur sol helvétique.



La présence en Valais de communautés où les MGF sont une pratique
répandue ont conduit l'IDE et le service cantonal des étrangers en
charge de l'intégration à mettre sur pied jeudi à Bramois (VS) une
journée de sensibilisation. Elle visait en priorité les
représentants du corps médical et social.

Tolérance zéro

«Nous voulons dire clairement qu'en Suisse ces mutilations sont
interdites et que nous pratiquons la tolérance zéro», a expliqué la
cheffe du service cantonal des étrangers, Françoise Gianadda. Dans
cette optique, elle espère que des axes de prévention pourront être
arrêtés dans un futur proche.



Ces mesures visent en premier lieu les communautés concernées. Il
s'agira d'aller vers elles pour leur expliquer les conséquences de
tels actes qui peuvent aller jusqu'à une remise en cause des droits
parentaux.



Dans un deuxième temps, il s'agira d'impliquer davantage les
milieux concernés afin de briser le silence qui entoure ces
pratiques. Les pédiatres, les enseignants ou les assistants sociaux
doivent eux aussi réagir et dénoncer des cas de MGF s'ils en ont
connaissance.

Sujet tabou

Car les MGF sont et restent un sujet tabou. «Jusqu'à ce jour,
aucun cas n'a été pénalement poursuivi en Valais», précise pour sa
part le procureur valaisan Olivier Elsig. Mais la pratique de
telles mutilations est une réalité. «En Valais nous recevons des
confidences sur des situations heurtantes», assure Françoise
Gianadda.



«En outre nous savons que des filles sont envoyées dans leur pays
pour se faire exciser ou que des exciseuses viennent ici», ajoute
encore la cheffe du service des étrangers. Aujourd'hui, de plus en
plus de voix s'élèvent dans les communautés concernées pour mettre
en causes ces pratiques.



«Désormais ces gens attendent un message clair de l'autorité
suisse qui aujourd'hui n'existe pas», déplore encore Françoise
Gianadda. Pourtant les textes internationaux de protection des
droits humains qualifient les MGF d'atteintes inhumaines et
dégradantes à l'intégrité physique et psychique des femmes.

Lésions corporelles graves

Si jusqu'ici la justice valaisanne n'a pas eu à statuer sur des
cas de mutilations génitales féminines, le procueur Elsig est très
clair. «Une excision du clitoris, par exemple, est considérée comme
une lésion corporelle grave. Cet acte est donc poursuivi d'office
et peut être sanctionné par des peines lourdes»,
explique-t-il.



Un autre élément très clairement défini est qu'au niveau juridique
et pénal, les questions d'ordre culturel n'ont strictement aucune
place. En d'autres termes, les personnes pratiquant des MGF peuvent
être poursuivies indépendamment de leur mobile.



En outre le fait que la victime ait été consentante n'enlève rien
au caractère illégal de l'acte. En revanche la justice suisse reste
démunie pour punir de tels actes pratiqués à l'étranger sur des
étrangères même si celles-ci résident en Suisse. A ce jour en
Suisse, aucune condamnation n'a été prononcée.



Deux dossiers sont en revanche ouverts, a expliqué Olivier Elsig.
L'un d'entre eux concerne la justice genevoise et porte sur un père
qui a fait excisé ses deux filles en Malaisie. Une enquête est
également ouverte à Zurich pour vérifier si des excisions sont
pratiquées dans certains hôpitaux.



agences/st

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Dans des hôpitaux à Zurich?

- Le canton de Zurich a déposé plainte contre inconnu pour lésions corporelles graves après des rumeurs de cas d'excision dans des hôpitaux publics.

- L'enquête doit permettre d'y voir plus clair, a indiqué la direction de la santé.

- L'UDC avait affirmé fin avril que des personnes excisent des jeunes femmes dans des hôpitaux en Suisse, et notamment à Zurich.

- La direction de la santé a souligné ne disposer d'aucun indice en ce sens jusqu'ici, et attend le résultat de l'enquête.