Les assurés et les ménages ont davantage déboursé alors que
l'Etat a réduit son financement de 1,6%, a indiqué vendredi
l'Office fédéral de la statistique.
La hausse des coûts frappe principalement les services
ambulatoires. L'augmentation y est plus forte en 2004 (5%) que les
deux années précédentes (2,2% en 2002, 2,7% en 2003). La variation
annuelle sur la période de 1995 à 2003 est de 3,5%.
Les hôpitaux affichent en revanche une progression des coûts plus
faible que la moyenne, à 3,1%. Un tel phénomène ne s'était plus
produit depuis 1998. La hausse annuelle moyenne entre 1995 et 2003
est de 4,3% dans ce secteur.
Augmentation modérée également du côté des établissements pour
personnes âgées: les coûts ont progressé de 2,7% en 2004. Ce
tassement a été amorcé en 2003 (3,8%) après quelques années de
fortes hausses (7,4% en 2001, 7% en 2002). Les coûts ont crû de 5%
de 1995 à 2003.
Facture salée pour les ménages
Les ménages sont davantage passés à la caisse. Ils ont payé 4,9%
de plus en 2004 qu'en 2003, une hausse plus forte que
l'augmentation totale des coûts. Les ménages voient non seulement
augmenter leurs primes - le financement net des coûts par
l'assurance maladie de base a progressé de 6,6% -, mais également
les frais qu'ils payent de leur propre poche.
Et la progression a été très forte (9,4%) en ce qui concerne la
participation aux frais. De nouvelles règles ont en effet été
introduites en 2004: la franchise minimale est passée de 230 à 300
francs et le plafond fixé pour la part de 10% des frais que le
patient doit débourser de sa poche a augmenté de 600 à 700 francs
par an.
Les ménages doivent en outre s'acquitter eux-mêmes des factures
pour les prestations non couvertes par l'assurance de base ou
d'autres assurances sociales, comme les soins de dentiste et de
psychothérapeute ainsi que les médicaments non prescrits. Quant aux
frais des établissements médico-sociaux et des soins à domicile,
ils ne sont remboursés que partiellement.
L'Etat se désengage
D'une manière globale, la part des ménages au financement de la
la santé s'est élevée à 31,9%, contre 31,6 % en 2003. Celle de
l'assurance de base a également progressé, de 32,7 à 33,6%. En
revanche, l'Etat s'est légèrement désengagé, sa contribution
reculant de 17,9 à 17%. Idem pour les assurances privées avec une
part qui est passée de 9 à 8,7%.
La situation ne devrait pas vraiment s'améliorer après 2004. L'OFS
table sur une hausse moyenne des coûts de la santé de 4,1% pour les
trois années suivantes. La facture devrait ainsi s'élever à 53,8
milliards en 2005, à 56 milliards en 2006 et à 58,3 milliards en
2007.
ats/dk
La Suisse juste derrière les USA
La Suisse reste, juste derrière les Etats-Unis, en tête des pays de l'OCDE concernant la part du produit intérieur brut (PIB) consacrée aux coûts de la santé.
Elle est suivie par l'Allemagne, l'Islande, la Norvège et la France.
En 2004, la part des coûts de la santé par rapport au PIB était en Suisse de 11,6% contre 11,5% un an plus tôt.
Cette faible variation s'explique en partie par une croissance du PIB relativement soutenue, note l'OFS.
Pas d'inversion de tendance
Le tassement de la progression des coûts de la santé ne représente pas une inversion de tendance, selon Santésuisse, l'association faîtière des assureurs maladies.
Pour Peter Marbet, directeur de la communication de Santésuisse, on n'assiste pas non plus à une baisse des coûts. Autant dire que la Suisse est loin de son objectif, qui vise à contenir l'accroissement des dépenses dans ce domaine.
En effet, si les dépenses totales liées à la santé ont augmenté de 3,7 % en 2004, l'assurance de base a à elle seule vu ses coûts croître de 5,4 %. Cela est dû, selon P. Marbet, au fait que les autorités mettent de moins en moins la main au porte-monnaie, répercutant ces frais sur assureurs et assurés.