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Les salaires des présidents de partis politiques, entre peu et... rien du tout

Les présidents de parti suisses sont-ils suffisamment rémunérés pour leur fonction? [Keystone - Manuel Lopez]
Combien gagnent les présidents de partis politiques en Suisse? / La Matinale / 4 min. / le 13 janvier 2020
Combien gagnent les présidents de partis politiques en Suisse? La question est d'actualité, alors que les deux plus grandes formations de ce pays, l'UDC et le PS, se cherchent un numéro un.

Un constat s'impose depuis plusieurs années: le poste de président de parti ne fait plus rêver. Et, chose peut-être moins connue, ils ne sont pas très bien rémunérés.

Les salaires liés à de cette fonction varient selon les partis. Ainsi, le plus ancien président de parti en place, le socialiste Christian Levrat, indique toucher 50'000 francs par année, plus les remboursements des frais de transports ou des nuits d'hôtel.

De son côté, le PLR affirme que sa présidente Petra Gössi gagne elle aussi quelque 50'000 francs par an, plus les défraiements liés à la fonction.

Quant au PDC, on n'en sait rien, puisque le président Gerhard Pfister reste évasif à ce sujet, indiquant recevoir "plus ou moins la même chose" que les autres présidents de parti. A l'époque de l'ex-président du PDC Christophe Darbellay toutefois, le Blick mentionnait un salaire annuel de 70'000 francs.

"Bénévolat" à l'UDC?

Une question reste en suspens: est-ce que le président de l'UDC ne touche effectivement aucun salaire, comme le déclare le parti? Christian Levrat, à l'instar de membres d'autres partis, met en doute ce "bénévolat", surprenant de la part du plus grand parti de Suisse, capable de financer des campagnes onéreuses.

Durant plusieurs années, le président de l'UDC touchait en effet un salaire annuel de 50'000 francs, mais tout change en 2009. Suite à un déficit dans les caisses, le parti renonce à verser un salaire.

Mais désormais, certains UDC estiment qu'il faut réintroduire une rémunération. "La fonction requiert beaucoup de temps, il faut voyager, ce qui signifie des pertes au niveau de l'activité professionnelle. Le parti pourrait être un peu plus généreux avec des personnes qui donnent beaucoup de temps pour notre activité", plaide le vice-président du parti Marco Chiesa.

Ecologistes peu rémunérés

Du côté des partis écologistes, la présidente des Verts Regula Rytz touche 16'000 francs par année, principalement pour couvrir les frais liés à la fonction, dit-elle.

Aucun salaire en revanche pour le président des Vert'libéraux, le Bernois Jürg Grossen, qui souhaite lui aussi du changement pour sa ou son successeur."Moi, j'ai la chance de pouvoir me permettre d'occuper cette fonction. Mais c'est un poste à 30 ou 50%: si cela empêche de travailler à côté, sans compter les frais occasionnés, on ne peut attendre de n'importe quelle personne qu'elle soit intéressée. A l'avenir, si on veut trouver un bon président ou présidente, il vaudra la peine d'introduire une indemnité adéquate", préconise-t-il.

Bientôt, chaque parti pourrait donc verser un salaire à son président. Mais un salaire est-il vraiment suffisant pour rendre ces postes plus attractifs? Ces montant, assez modestes, doivent en effet couvrir une charge de travail équivalent plus ou moins à un 40%, même un 50% en année électorale.

Il y a un point commun entre tous les présidents de parti: ils sont tous parlementaires et touchent donc une indemnité liée à cette fonction et aux nombreux frais qui l'accompagnent, de 130'000 à 150'000 francs. Leurs seules autres sources de revenu peuvent être un mandat externe, par exemple dans un conseil d‘administration, ou une activité professionnelle à un petit pourcentage.

Le Tessinois Fulvio Pelli, président du PLR de 2009 à 2012, estime qu'il est "presque impossible" de travailler encore à côté de la présidence de parti. "On est appelé à prendre position presque chaque jour, on a 3-4 réunions par semaine, on voyage dans toute la Suisse. C'est passionnant, mais c'est un métier à plein temps", raconte-t-il au micro de La Matinale lundi.

>> Les explications de Fulvio Pelli :

Fulvio Pelli photographié à Locarno en juillet 2018. [Keystone/Ti-Press - Alessandro Crinari]Keystone/Ti-Press - Alessandro Crinari
L'invité d'actualité - Fulvio Pelli, ex-président du PLR / La Matinale / 7 min. / le 13 janvier 2020

La charge de travail de ces présidentes et présidents pourrait être allégée, dans le cadre de co-présidence de parti par exemple, un modèle qui a le vent en poupe au Parti socialiste. Pour succéder à Christian Levrat, la seule candidature est pour l'instant une co-présidence entre la Zurichoise Mattea Meyer et l'Argovien Cédric Wermuth. Tous les deux sont parents d'enfant en bas âge et souhaitent pouvoir participer de façon égalitaire à leur vie familiale.

Julien Bangerter/kkub

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