L'éducation physique est la seule discipline encadrée au niveau fédéral. Un héritage du temps où le sport dépendait directement de l'armée.
La loi prévoit trois heures de sport par semaine à l’école obligatoire. A Genève pourtant, des milliers d’écoliers n’ont que deux heures par semaine. La faute à un manque criant de salles de sport.
Aujourd'hui, une partie seulement des 9e Harmos (12 ans) est en règle. Pour septembre, le Département de l'instruction publique genevois prévoyait de régulariser partiellement la 10e.
Pas de budget
Il n'en sera rien, nous révèle la conseillère d’Etat genevoise Anne Emery-Torracinta. "A partir du moment où le parlement a refusé tous les nouveaux postes demandés par le gouvernement, nous allons devoir reporter un certain nombre de projets. Malheureusement, la troisième heure d’éducation physique en fait partie. Il n’y aura pas de nouvelle heure de sport à la rentrée 2020 pour les élèves de 10. "
En 2017 pourtant, le Tribunal fédéral exigeait la mise en application de la troisième heure dans les plus brefs délais. Les maîtres d'éducation physique genevois vont à nouveau saisir la justice, annonce leur avocat Romain Jordan. "Cela fait trois ans ! Le délai était suffisant pour prendre les décisions nécessaires. Une décision judiciaire ne peut s’accommoder de prétextes comme celui que Madame Emery-Torracinta avance, cherchant à tirer parti du refus du budget à l’automne dernier."
Pire après l’école obligatoire
Mais la situation est encore pire pour le post obligatoire, soit le gymnase et les écoles de culture générale. Ce sont là que la plupart des cantons romands ne respectent pas la loi. Elle impose 110 heures réparties sur l'année.
Soit trois heures hebdomadaires. Neuchâtel tout comme Genève n'en offrent que deux. Aucun gymnasien vaudois ne suit trois heures sur l'ensemble de sa formation. La conseillère d'Etat Cesla Amarelle l'a d'ailleurs admis sur notre antenne jeudi, à l'ouverture des JOJ.
Même situation dans le Jura. Dommageable pour Olivier Guerdat, président de l’association des maîtres de sport jurassiens, car l'adolescence est une période critique. "On a des jeunes qui doivent arrêter leur activité sportive en raison des études. Ils ont également d’autres centres d’intérêt. Certains jeunes commencent à fumer. Il y a aussi l’apparition depuis une dizaine d’années d’un public un peu plus fragile. On voit apparaître des troubles dépressifs. Cela me paraît important que les jeunes aient une activité physique régulière proposée par leur établissement scolaire."
Le Tribunal fédéral va peut-être remettre à l'ordre les cantons concernés. Un recours est pendant pour un nombre d'heures insuffisant dans un gymnase saint-gallois. Les autorités pourraient devoir adapter les horaires et construire rapidement des salles de gym.
Un manque d’équipement
Les halles de sport coûtent cher et certains cantons n'ont pas investi. Le problème dure depuis plusieurs années. Et il touche d'ailleurs aussi des milliers d'apprentis romands, qui ne font pas de gym ou insuffisamment alors que la loi impose une période au minimum.
Tandis que Berne et le Valais sont bons élèves, Vaud est lanterne rouge : seuls 40% des apprentis font de l'éducation physique.
Un paradoxe pour le canton hôte des Jeux olympiques de la Jeunesse, estime Jacques Rubattel, président des maîtres d'éducation physique vaudois. "J’attends qu’avec ces JOJ, il y ait une prise conscience politique. Ce que l’on peut faire pour quelques jeunes d’élite, on puisse aussi le retrouver dans nos écoles au quotidien."
Dans les faits, il manque 22 salles de sport pour les apprentis dans le canton de Vaud. Un retard qui ne pourra pas être rattrapé rapidement. Le Conseil d'Etat vaudois a toutefois pris un engagement : tout nouvel établissement construit doit désormais être doté directement de 3 salles de sport.
Céline Fontannaz