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Le service civil pourrait s'ouvrir aux femmes

Depuis 1996, 15'000 jeunes ont effectué 2 millions de jours de service
Depuis 1996, 15'000 jeunes ont effectué 2 millions de jours de service
Alors que le service civil fête ses dix ans, son avenir est menacé. Toujours plus de jeunes hommes échappent à toute forme de service en étant déclarés inaptes. Un comité propose d'ouvrir le service civil aux femmes et aux étrangers.

Depuis l'introduction en 2004 du nouveau système de recrutement
d'Armée XXI, près de 40 % des jeunes Suisses sont réformés pour
raisons médicales, contre 15 à 20 % auparavant, a expliqué mardi le
Comité suisse pour le service civil. Un changement qui touche
directement le service civil, puisque pour devenir civiliste, il
est nécessaire d'être d'abord astreint au service militaire.



La facilité actuelle d'être déclaré inapte à l'armée risque en
effet de dissuader rapidement les jeunes à se rendre utiles pour la
communauté, a dénoncé le comité. Pour preuve, le nombre de demandes
au service civil a baissé de 20 % entre 2002 et 2005. Et le comité
d'exiger de la Confédération qu'elle donne un «signal fort» en
mettant un terme à «cette situation aberrante et
contre-productive».



«La laisser perdurer serait ressenti par les milliers de
civilistes et d'établissements d'affectation comme du mépris pour
l'extraordinaire travail d'utilité publique qu'ils accomplissent au
quotidien», a affirmé le comité.

Plusieurs pistes

Pour assurer l'avenir du service civil, le comité propose
quelques pistes. La première est de l'ouvrir à toutes les personnes
qui souhaitent s'engager pour la collectivité, femmes et étrangers
y compris. Cette solution permet aussi de conserver le service
civil si l'obligation de servir dans l'armée venait à être
abolie.



La seconde est de faciliter l'accès au service civil en supprimant
l'examen de conscience. En acceptant d'effectuer un service une
fois et demie plus long que s'il était à l'armée, le civiliste
prouve «par l'acte» son conflit de conscience qui l'empêche de
faire un service militaire, a rappelé le comité.

Procédure coûteuse

De plus, faire passer cet examen, au terme duquel seulement 5 %
des demandeurs se voient refuser le droit de faire un service
civil, coûte cher à la Confédération. En 2003, elle a dépensé à ce
titre plus de 6,6 millions de francs. Les Chambres fédérales
étudient actuellement une motion déposée par Heiner Studer (PEV/AG)
qui demande la suppression de l'examen de conscience au profit de
la «preuve par l'acte».



Le Conseil fédéral y est opposé, estimant que faire du service
civil ne relève pas d'un libre choix, mais d'un remplacement du
service militaire. «La motion pose néanmoins des questions
intéressantes», affirme Niklaus Roth, chef suppléant de l'Organe
d'exécution du service civil, qui dépend du Département fédéral de
l'économie. Il est vrai, reconnaît-il, que pour certaines personnes
il n'est pas facile de passer une audition au cours de laquelle
elles doivent expliquer leur conflit de conscience.

Campagne d'information

En attendant que le Parlement se prononce sur la motion, le
comité lance une campagne d'information intitulée
«engagementpourdemain.ch» pour montrer l'impact du service civil
sur la société. Il entend également par ce biais le promouvoir en
tant qu'instrument de la promotion de la paix et de la résolution
non-violente de conflits.



ats/tac

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Au service de la communauté

Depuis le 1er octobre 1996, date de l'entrée en vigueur de la loi sur le service civil, 15'000 jeunes ont effectué plus de 2 millions de jours de service dans 1500 établissements.

Que ce soit dans le social, la protection de l'environnement, la santé, la conservation des biens culturels, la paysannerie de montagne ou l'aide en cas de catastrophe, «le travail des civilistes favorise la cohésion sociale».

Le service civil permet à des jeunes d'acquérir des expériences socio-professionnelles intéressantes qu'ils peuvent ensuite valoriser sur le marché du travail. Les établissements d'affectation peuvent augmenter, eux, leurs activités grâce à la présence de civilistes.

Le travail de ces derniers représente depuis 1996 1000 postes à plein temps, sans compromettre des emplois existants.

Un siècle pour l'accepter

La Suisse a été l'un des derniers pays d'Europe occidentale à introduire un service civil pour les objecteurs de conscience. Jusqu'au début des années 1990, le refus de faire du service militaire était puni de prison. Cela bien que la gauche et les pacifistes suisses aient demandé dès 1903 la création d'un service civil pour mettre fin à cette pratique.

C'est seulement après l'effondrement du bloc soviétique que la situation a évolué. En 1991, le corps électoral a approuvé par 56% des voix une modification du code pénal militaire introduisant un travail d'intérêt général pour les objecteurs. La même année, le Parlement a décidé d'inscrire l'organisation d'un service civil dans la constitution. Le peuple a dit «oui» à plus de 82% en 1992. La loi est entrée en vigueur le 1er octobre 1996.