Le principe de la compression maximale des coûts qu'appliquent
les deux entreprises allemandes s'exerce aussi à l'encontre de
leurs salariés, a dit lundi à Zurich Andreas Rieger, co-responsable
du secteur tertiaire pour le syndicat Unia. Pour étayer ses propos,
Unia s'est appuyé sur un rapport qu'a réalisé le syndicat allemand
Ver.di et portant sur les conditions de travail chez le hard
discounter Lidl dans l'Union européenne.
A la limite de la légalité ?
Le processus de réduction des coûts ne concerne pas seulement
les employés de Lidl, mais aussi ses fournisseurs et les
producteurs, a affirmé Agnes Scheieder, co-autrice de l'étude. Lidl
se montre très agressif dans le cadre de son expansion.
L'entreprise met à son profit non seulement le moindre espace que
peut lui accorder la législation, mais également la protection
défaillante des travailleurs.
Mais Lidl viole aussi les réglementations en vigueur, selon Agnes
Schreieder. Des cas que le hard discounter reconnaît, tout en
relevant qu'il s'agit d'exceptions. A ce titre, Andreas Rieger a
souligné que le droit suisse du travail comporte de nombreux points
faibles.
Pas d'emplois à plein temps
Pour l'heure, Lidl n'a pas encore ouvert de magasins en Suisse,
mais le syndicat a déjà recueilli des premières informations chez
son concurrent Aldi, présent depuis près d'un an et dont les
conditions de travail ressemblent à celles de Lidl. Unia note ainsi
qu'Aldi n'offre qu'exclusivement des emplois à mi-temps,
interdisant pratiquement à ses employés de travailler chez un
concurrent par exemple, a ajouté Andreas Rieger.
En Suisse, Aldi compte environ 300 salariés. Lidl, qui implantera
son siège suisse ainsi qu'un centre de distribution à Weinfelden,
prévoit dans un premier temps d'embaucher dix à douze
collaborateurs par point de vente.
ats/hof
Lidl Suisse se défend
Critiqué, Lidl Suisse a réagi aux craintes émises par le syndicat Unia lundi.
Le hard discounter a souligné que des salaires corrects et des compensations des heures supplémentaires figurent parmi ses principes.
L'entreprise a précisé qu'elle juge importants le succès personnel et l'épanouissement de ses salariés.
La lutte d'Unia contre les prix cassés
Unia entend combattre par tous les moyens les pratiques des détaillants à prix cassés, a souligné Robert Schwarz, responsable du secteur commerce de détail chez Unia.
Il s'agit d'une branche dans laquelle les conditions de travail demeurent précaires. La pression sur les employés s'est d'ailleurs renforcée ces deux dernières années, alors que 20'000 emplois ont disparu.
A l'initiative des Jeunesses socialistes du canton de Zurich, un comité de lutte contre le dumping social a vu le jour, auquel se sont joints, outre Unia, les Jeunes Verts. Le mouvement entend sensibiliser les clients et soutenir les salariés.