Dans un entretien télévisé qui se voulait bon enfant, Viola Amherd a lâché une petite bombe en répondant à une question sur l'usage de ses téléphones de fonction: "J'ai un iPhone normal. En fait, chaque conseiller fédéral dispose aussi d'un téléphone portable crypté pour passer des appels ou pour envoyer des messages en cas de circonstance exceptionnelle… Mais je ne l'ai encore jamais utilisé."
Une confidence informelle qui pose une question majeure de sécurité: comment se fait-il que la cheffe de l'armée ne prenne pas plus de précautions pour communiquer des informations potentiellement ultra sensibles?
Informations sensibles échangées en séance
Son porte-parole se veut rassurant: "Les informations confidentielles ne sont pas échangées via la messagerie cryptée Threema ou via l'iPhone. Elles le sont par contre lors de séances bilatérales. La discussion se tient dans un lieu où le portable n'est pas à portée de main, dans une caisse spéciale munie de brouilleur."
Reste que bientôt sept ans après les révélations de Wikileaks, où l'on apprenait qu'Angela Merkel ainsi que les trois derniers présidents français avaient été écoutés par l'agence de renseignement américaine, l'utilisation d'un simple iPhone au sommet de l'Etat a de quoi interroger.
Besoin de confidentialité
Solange Ghernaouti, professeure à l'Université de Lausanne et experte internationale en cybersécurité et cyberdéfense, a expliqué samedi dans le 19h30 que "toute la collecte d'informations que l'on peut tirer entre autres de téléphones non cryptés peut poser des problèmes de sécurité".
"Ce que je trouve étonnant, c'est qu'on parle beaucoup de cybersécurité, mais on a quand même l'impression que peu prennent en compte ce besoin de confidentialité et de protection des données", a-t-elle ajouté.
Gabriel de Weck/asch
>> Voir l'interview de Solange Ghernatoui: