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Particules fines: pollution record

Eviter la pollution de l'air dans les villes devient un enjeu politique.
Certains cantons ont pris des mesures.
Les concentrations de particules fines dans l'air ont atteint des sommets inégalés mercredi. Lausanne a enregistré une valeur moyenne sur les dernières 24 heures de 228 microgrammes par mètre cube, soit plus de quatre fois le seuil toléré de 50 µg/m3.

Zurich, Berne, Bâle et Sion affichaient également des valeurs importantes dans l'après-midi: respectivement 195, 136, 124 et 92 microgrammes par mètre cube, selon les données de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).

Même si les villes du Plateau restent les principales
concernées, la campagne n'a pas été épargnée. Près de 154 µg/m3 ont
été mesurés à Payerne (VD) et quelque 164 µg/m3 à Dübendorf (ZH). A
plus de 1000 mètres d'altitude, Chaumont (NE), avec 14 µg/m3, n'a
pas franchi la valeur-limite. Au Rigi (LU), qui culmine à 1797
mètres, elle a été frôlée (45 µg/m3).



Les concentrations ont atteint des sommets ces derniers jours. La
valeur-limite a été dépassée plusieurs fois dans dix des treize
stations de mesure du réseau NABEL qui calculent en continu la
pollution de l'air en Suisse.



Lausanne abrite avec Berne l'une des deux stations de mesures
situées sur une route du centre-ville à forte circulation. A Zurich
et Lugano, ces stations se trouvent également au centre-ville, mais
dans un parc.

Deux semaines

Début janvier, le dépassement de la valeur-limite a duré près de
deux semaines dans certaines villes. Ces valeurs élevées sont
caractéristiques en hiver: l'air froid, en bas, se mélange mal à
l'air chaud, en altitude. La présence d'un stratus peut contribuer
à cette situation, qui dure parfois plusieurs semaines.



Le seuil fixé dans l'ordonnance sur la protection de l'air ne
devrait pas être dépassé plus d'une fois par an. Cela a toutefois
déjà été le cas à 21 reprises à Berne, 20 fois à Lausanne et 18
fois à Zurich depuis le début de l'année.

Mesures

La pollution atmosphérique actuelle pousse certains cantons à
réagir. Les directeurs cantonaux de l'environnement de Suisse
centrale demandent ainsi la mise en place de mesures rapides au
niveau fédéral. Le Conseil municipal de la ville de Berne a lui
appelé le canton à réduire sans délai la vitesse sur les autoroutes
à 80 km/h.



En Suisse alémanique, les autorités de plusieurs cantons et
communes ont prié la population de ne plus chauffer au bois et
d'éviter d'allumer des feux à l'extérieur. Les voitures, surtout
celles consommant du diesel, devraient rester inutilisées.
Mi-janvier, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger a lancé un
plan d'action pour réduire cette pollution.

Débat sensé

A Lausanne, le syndic écologiste Daniel Brélaz ne veut pas céder
à la panique. Il réclame des autorités fédérales et cantonales des
informations détaillées sur l'origine de ces particules fines et
les risques qu'elles font réellement courir à la population.



«On manque cruellement de données pour mener un débat sensé.
Actuellement, je ne sais pas si cette norme de 50 microgrammes est
là pour faire avancer la technologie ou si elle est l'indicateur
d'un réel danger. Et si oui, ce risque concerne-t-il une personne
sur cent ou plutôt une personne sur mille», se demande-t-il.



Pour pouvoir prendre des mesures efficaces, il faut connaître la
carte des pollueurs objectifs: quelle proportion de particules
fines provient du trafic lourd, du trafic léger et des chauffages,
ajoute-t-il.



Seules les autorités fédérales et cantonales peuvent prendre des
mesures, relève le syndic. «Nous les communes ne pourrions que
décider de fermer certaines rues en les mettant en travaux. Mais
cela ne servirait à rien, car le trafic se reporterait sur d'autres
axes».



Agences/st

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Les particules fines

Les poussières fines proviennent essentiellement du trafic, de l'industrie, des machines agricoles et de chantiers, ainsi que du chauffage.

Elles se répandent dans tout le corps via le système respiratoire, provoquant diverses maladies telles que toux, arrêts cadiaques ou cancers du poumon.

Selon l'OFEV, 3700 personnes meurent prématurément à cause de la pollution chaque année.

Précautions

Les fortes concentrations de particules fines augmentent la fréquence des symptômes de toux. Les personnes à risques devraient éviter de sortir, recommande le professeur Philipe Leuenberger, chef du service de pneumologie au CHUV.

La recommandation s'adresse à toutes les personnes qui présentent des troubles respiratoire. Elle concerne aussi les enfants et les personnes âgées, a précisé le spécialiste.

D'une manière générale, des études ont montré que les taux de pollution élevés, notamment de particules fines, ont un effet irritant sur les voies respiratoires. Ils ont aussi des effets néfastes à long terme, augmentant la fréquence des cancers du poumon et la mortalité liée aux maladies cardio-vasculaires.

Difficile en revanche de savoir si les forts taux de pollution actuels ont une incidence sur les consultations: il n'y a pas de test clinique qui nous permette de dire si une toux est due à la pollution ou à un virus, rappelle le professeur Leuenberger.