L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) liste les traitements contre l'ostéoporose et le cancer du sein, mais aussi un médicament contre l'arthrite rhumatoïde, des anxiolytiques et des somnifères, un médicament contre Alzheimer et la démence, et un autre contre l'hypothyroïdie. Ces médications, majoritairement destinées aux femmes, pourraient disparaître de l'assurance de base ou être moins remboursées.
Cibler ces pathologies n'est pas une volonté politique. Néanmoins, le constat échappe aux administrations. "Il existe une non-prise en compte [de la question du genre], qui n'est pas récente", relève lundi dans La Matinale Carole Clair, médecin et professeure à Unisanté. "L'OFSP ne s'intéresse pas assez aux différences entre femmes et hommes."
Les doubles standards "ne sont pas une fatalité"
Dans le domaine de la santé, les inégalités se construisent notamment dans la recherche. "En oncologie, on se concentre principalement sur les effets secondaires chez les hommes, alors qu'ils sont plus nombreux chez les femmes", illustre Carole Clair. Même constat pour le développement d'une pilule "masculine". "Une étude avait été arrêtée car elle provoquait des céphalées et de la fatigue", des indésirables courants du contraceptif oral.
Du côté de la prise en charge du patient, les femmes sont là aussi discriminées. "Il est démontré que les femmes attendent plus que les hommes aux urgences, et qu'elles ont moins tendance à recevoir des antalgiques puissants", explique encore la professeure. Autre exemple avec l'infarctus, qui a longtemps été sous-estimé parce que les symptômes régulièrement cités - douleur au bras gauche et près du coeur - sont plus typiquement ressentis chez les hommes.
Pour Carole Clair, ces doubles standards ne sont heureusement pas une fatalité. "Le genre est un déterminant structurel de la santé", observe-t-elle. "En amont, il faut commencer par sensibiliser les politiques publiques et mieux former les soignants d'une manière générale pour qu'ils puissent intégrer cette notion."
Propos recueillis par Romaine Morard
Sujet radio: Alexandra Richard/ani