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"Des gens mettent 40% de leur revenu dans un loyer, c'est à eux qu'on pense"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga (PS-GE)
L'invité de La Matinale (vidéo) - Le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga (PS/GE) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 22 janvier 2020
Des loyers moins chers grâce à des logements coopératifs: c'est le but de l'initiative "Davantage de logements abordables" qui sera soumise au peuple le 9 février prochain. Pour en parler dans La Matinale: le conseiller aux Etat genevois et directeur de l'ASLOCA, Carlo Sommaruga.

Le comité a lancé sa campagne début janvier afin de mettre un terme à la "spéculation immobilière". "Les frais de logement représentent de loin la plus grande dépense d'un ménage. En Suisse, des gens mettent parfois 30 à 40% de leur revenu pour payer leur loyer, c'est à eux que nous pensons", explique Carlo Sommaruga sur La Première pour défendre cette initiative.

Le conseiller aux Etats genevois estime que les logements d'utilité publique sont 15 à 25% moins chers: "C'est ce type d'habitations que l'on veut favoriser. Cela permettrait aux familles d'économiser deux à trois loyers ordinaires par année".

Une guerre des chiffres

Cette campagne est une véritable bataille des chiffres. Les opposants et certains analystes estiment en effet que le prix des nouveaux logements a baissé depuis 2015. Les partisans rétorquent quant à eux que le margé locatif n'a connu aucune détente. "Si vous avez un appartement de 3,5 pièces qui valait 1200 francs, qu'en 2018 on pouvait le relouer à 1900 francs et que l'année suivante on le loue finalement 1850 francs, s'agit-il d'une augmentation ou d'une diminution?", se questionne le socialiste. "Pour les milieux immobiliers, c'est une baisse, mais pour les locataires, c'est une augmentation", explique-t-il.

Le taux de logements vacants est pourtant en train d'augmenter en Suisse. Cela n'est-il pas une réponse du marché à la question? Pour Carlo Sommaruga, cela ne concerne pas les mêmes types de foyers: "Le taux de vacance concerne les logements les plus chers et on ne constate pas d'effondrement des loyers", affirme-t-il.

La plupart des partis bourgeois, Vert'libéraux compris, jugent le texte contraire aux enjeux climatiques, estimant que l'initiative privilégierait l'aspect d'utilité publique au détriment de l'assainissement des bâtiments. "Quand une rénovation bénéficie de subventions publiques de la Confédération, alors on maintient un loyer modéré, à savoir que l'on ne répercute que le coût des travaux. Ce n'est pas comme, par exemple, Credit Suisse qui donne congé aux locataires, assainit, et remet sur le marché des biens extrêmement chers", critique Carlo Sommaruga.

Quid des campagnes?

Selon un sondage SSR de fin-décembre, femmes, citadins et retraités se montrent particulièrement favorables à l'initiative. En revanche, le soutien est moindre au sein de la population rurale. Il faut donc convaincre pour les initiants: "Actuellement, nous faisons campagne en Suisse allemande et plus particulièrement dans les bourgs pour expliquer que la problématique des logements abordables ne se limite pas aux villes. Dans la population rurale aussi il y a des familles et des ménages avec un faible revenu. Avec des logements d'utilité publique, ils pourront trouver moins cher", estime le socialiste genevois.

Propos recueillis par Julien Bangerter

Adaptation web: Jérémie Favre

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Un contre-projet insuffisant

Le Conseil fédéral a mis sur pied un contre-projet qui sera appliqué en cas de refus de l'initiative. Le texte prévoit l'allocation de 250 millions de francs pour promouvoir les logements d'utilité publique sur dix ans. "250 millions, cela paraît beaucoup, explique Carlo Sommaruga, mais quand on détaille la chose, on se rend compte qu'il faut diviser cette somme par dix pour le nombre d'années, et encore par vingt-six pour le nombre de canton. Au final, ce n'est pas grand-chose en définitive".

"Quand nous gagnerons cette initiative, nous reviendrons devant le Parlement pour demander que ces crédits soient augmentés, car le besoin est grand. Les initiatives parlementaires sont déjà prêtes", conclut le directeur de l'ASLOCA.