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Le cannabis, ses consommateurs et son marché sous la loupe de chercheurs

Une étude se penche sur la consommation de cannabis du canton de Vaud.
Une étude se penche sur la consommation de cannabis du canton de Vaud. / 19h30 / 2 min. / le 23 janvier 2020
Après l'héroïne et la cocaïne, c'est au tour du cannabis de passer sous la loupe d'une équipe interdisciplinaire de chercheurs. Addiction Suisse, l'Ecole des sciences criminelles de l'Université de Lausanne et Unisanté ont dévoilé leurs conclusions jeudi.

Une fois n'est pas coutume, cette étude ne s'est pas focalisée sur le consommateur, mais plutôt sur son univers. Les chercheurs ont voulu briser les clichés, grâce à des méthodes scientifiques, en analysant les eaux usées ou en faisant des interviews de policiers et de consommateurs.

Premier constat: le marché du cannabis est beaucoup plus important que celui des autres stupéfiants. Selon cette étude, 50'000 joints seraient fumés chaque jour dans le canton de Vaud. Et pourtant, la marijuana n'est pas la drogue la plus lucrative.

Marché suisse entre 340 et 500 millions annuels

Le marché vaudois du cannabis pèse entre 32 et 46 millions de francs de chiffre d'affaires annuel, pour des bénéfices se situant entre 20 et 30 millions, montre l'étude. Pour la cocaïne, les ventes sont estimées entre 47 et 57,4 millions, selon la précédente étude de ces trois instituts.

En se basant sur les chiffres vaudois, les chercheurs extrapolent à 340 à 500 millions de francs le chiffre d'affaires annuel du cannabis en Suisse, avec des gains de l'ordre de 220 à 325 millions.

"Nous pensions que le cannabis représentait le plus gros marché dans tous les sens du terme. Or son chiffre d'affaires est moins important que celui de la cocaïne, tout en restant nettement supérieur aux autres stupéfiants" comme l'héroïne, l'ecstasy ou les amphétamines, explique Frank Zobel, directeur adjoint d'Addiction Suisse.

Grande diversité

Le marché du cannabis est également caractérisé par sa très grande diversité. "Vous y trouvez de tout: des gens qui produisent à petite ou grande échelle, qui importent à petite ou à grande échelle. Du haschich marocain, de l'herbe espagnole ou produite dans le canton de Vaud", illustre Frank Zobel. "Le marché est très éclaté, avec des pratiques très différentes entre les différents protagonistes."

Le directeur adjoint d'Addiction Suisse signale aussi l'apparition d’un nouveau mélange sur le marché, un cannabis illégal à fort taux de THC coupé avec du cannabis légal (CBD). La chute des prix sur le marché du cannabis légal est l'une des raisons ayant contribué à l'apparition d'un tel produit.

Les trois instituts de recherche se sont concentrés sur le canton de Vaud, mais certaines conclusions s'appliquent aussi au reste de la Suisse, comme la taille du marché, le type de produits proposés et le comportement des consommateurs, précise Frank Zobel.

Organisation différente entre cantons

Ce qui diffère d'un canton à l'autre, en revanche, c'est l'organisation du marché - revendeurs locaux, importateurs d'origine diverses, voire même organisations criminelles internationales.

L'étude montre également que le marché vaudois du cannabis, et suisse par extension, tourne grâce aux gros consommateurs. La moitié de la consommation de cette substance vient d'usagers réguliers (20 jours ou plus par mois), représentant moins de 9% de l'ensemble des utilisateurs. Ces usagers intensifs sont entre 5000 et 7000 en terre vaudoise, et dépensent en moyenne 314 francs par mois.

Concernant le cannabis, Frank Zobel rappelle qu'Addiction Suisse soutient les essais pilotes pour mieux encadrer la consommation. "La prohibition ne marche pas très bien. Il faut essayer autre chose, notamment pour mieux protéger les jeunes. Nous sommes favorables à une régulation intelligente", affirme-t-il.

Sarah Clément avec ats/kkub

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