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Lutte contre la pollution: les avis divergent

Les limitations de vitesse sur les autoroutes sont en vigueur pour huit jours.
Les limitations de vitesse sur les autoroutes sont en vigueur pour huit jours.
Douze cantons suisses alémaniques limitent la vitesse des voitures sur les autoroutes pour lutter contre la hausse des concentrations de particules fines dans l'air.

Une solution qui ne fait cependant pas l'unanimité auprès des directeurs cantonaux de l'environnement qui demandent d'autres mesures plus incisives.

Limiter la vitesse à 80 km/h pendant quelques jours ne sert pas
à grand chose, estime le conseiller d'Etat st-gallois et président
de la conférence des directeurs de l'environnement Willy Haag. Le
trafic autoroutier ne produit qu'une faible partie des particules
qui empoisonnent l'air ambiant, a-t-il relevé dans une interview
parue samedi dans le «Tages-Anzeiger».

M. Haag reconnaît la valeur symbolique d'une telle mesure: la
population n'était pas consciente du problème il y a encore deux
semaines, a-t-il relevé samedi sur les ondes de la Radio suisse
alémanique.



Le politicien se méfie en revanche des décisions précipitées. Il
est plus important d'inciter tout un chacun à se responsabiliser en
édictant des recommandations, selon lui, un avis partagé par les
cantons romands.

Manque d'action politique préalable

Le conseiller d'Etat admet qu'on n'a pas assez agi sur le plan
politique jusqu'ici et il soutient le plan d'action de la
Confédération. La situation actuelle est favorable à l'acceptation
de mesures à long terme, a-t-il ajouté à la radio alémanique.



Le responsable de la sécurité de Zoug Hanspeter Uster, canton qui
le premier a ralenti vendredi le trafic autoroutier, préconise 20
autres mesures pour améliorer la situation de façon sensible. Mais
on ne peut pas attendre que toutes soient applicables pour
commencer, explique-t-il dans les colonnes de la «Neue Luzerner
Zeitung».

Donner le bon exemple

Le président de la Ligue pulmonaire suisse Otto Piller est
favorable à des mesures rapides. On ne peut se borner à annoncer
jour après jour les dépassements de limite de taux de particules,
critique l'ancien conseiller aux Etats et ex-directeur de l'Office
fédéral des assurances sociales (OFAS) dans la «Berner
Zeitung».



Les pneumologues ont depuis longtemps donné l'alerte à propos de
la recrudescence des affections respiratoires. Ce problème de santé
publique n'empêche pas quelque 16 000 véhicules diesel de l'armée
suisse de rouler sans filtre, regrette M. Piller. La Confédération
devrait donner le bon exemple en équipant correctement son
matériel.

Effets sur la santé

Les hauts taux de particules ont des retombées en matière de
santé publique, a indiqué vendredi le médecin cantonal vaudois
Daniel Laufer. Selon une analyse commandée par le canton de Vaud à
un professeur de l'Institut universitaire romand de santé au
travail, les admissions quotidiennes liées à cette pollution
auraient augmenté de 17% pour les groupes à risque.



Les enfants et adultes asthmatiques, les personnes de 65 ans et
plus atteintes de bronchites obstructives ou de problèmes
respiratoires sont touchées. Les personnes souffrant de maladies
cardio-vasculaires aussi.



Selon deux études épidémiologiques menées à large échelle aux
Etats-Unis et en Europe, le risque de mortalité des personnes
souffrant de maladies cardio-pulmonaires pourrait augmenter de 5 à
12% avec les taux actuels de particules fines, a relevé le médecin
cantonal vaudois.



ATS/dsz

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Causes et effets

Les particules fines sont formées de particules primaires (issues des processus de combustion, du frottement mécanique des pneus sur les routes ou des tourbillons de poussière naturels) et de particules secondaires (qui se forment dans l'air à partir de gaz précurseurs).

Les particules les plus problématiques sont celles qui proviennent des gaz d'échappement des moteurs diesel, même si des microparticules sont aussi émises par l'agriculture et les chantiers de construction.

En raison de leur petite dimension, ces particules peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires et avoir de graves conséquences sur la santé.

La pollution par les particules fines est accentuée en hiver par le phénomène de l'inversion thermique.

En Suisse, la valeur limite de concentration de particules fines dans l'air est fixée à 50 microgrammes par mètre cube.

L'Union européenne adopte la même limite.

Aux Etats-Unis, le taux est fixé à 150 microgrammes.

Les automobilistes respectent

Les automobilistes respectent plutôt bien la limitation générale de la vitesse à 80 km/h introduite dans onze cantons alémaniques pour lutter contre les hauts taux de particules fines dans l'air. C'est ce que montre une enquête de l'ATS auprès des polices cantonales.

Peter Odermatt, de la police de Zoug, n'a pas caché samedi son étonnement. Selon les observations faites à la faveur d'un contrôle des vignettes autoroutières, les automobilistes se tiennent à la vitesse prescrite et le font même de gaîté de cœur.

Il en va de même dans le canton de Zurich, où la signalisation a été modifiée samedi matin. Le trafic s'écoule en majeure partie sur la voie de droite.

Le 80 km/h est également respecté dans le canton de Soleure. Les radars fixes permette de s'en rendre compte automatiquement.

Les taux de particules fines étaient toujours bien au-dessus de la limite de 50 microgrammes par mètre cube dans 9 stations de mesure sur 13. Ces dernières 24 heures, Lausanne et Berne ont continué de caracoler en tête des émissions dangereuses avec 142 et 141 microgrammes par mètre cube, selon le site Internet de l'Office fédéral de l'environnement.