Les avoirs gelés ont été débloqués, a indiqué le MPC. Cette
annonce intervient au lendemain de la publication d'un arrêt du
Tribunal fédéral (TF) qui refuse à la Russie l'entraide judiciaire
qu'elle avait demandée à la Suisse dans l'affaire Ioukos.
Pour les juges fédéraux, «tous les éléments du dossier corroborent
clairement le soupçon selon lequel la procédure pénale ouverte à
Moscou serait instrumentalisée par le pouvoir en place». Le but du
Kremlin serait d'écarter «des adversaires politiques potentiels ou
déclarés».
Décision exceptionnelle
«Cette décision de la Cour suprême suisse va devenir un nouveau
standard pour les pays qui ont affaire avec la Russie», a estimé
vendredi, devant la presse à Genève, Robert Amsterdam, avocat de
Mikhail Khodorkovski, l'ex-oligarque qui dirigeait Ioukos aux côtés
de son associé Platon Lebedev.
L'image de la Russie commence à changer, a poursuivi Robert
Amsterdam. La Suisse accorde généralement l'entraide judiciaire, a
souligné son confrère, l'avocat genevois Philippe Neyroud,
soulignant indirectement le caractère exceptionnel de la décision
communiquée jeudi par le TF.
Les avocats des ex-oligarques se sont aussi exprimés sur le
déblocage des avoirs en Suisse. Selon eux, quelque 50 comptes
bancaires sont concernés par la mesure. Ils ont soit été ouverts
par des particuliers en relation avec Ioukos, soit sont au nom de
sociétés qui gravitaient autour du groupe.
ats/ant
La Russie regrette
La Russie a regretté vendredi la décision du TF. Un représentant de l'ambassade russe à Berne a estimé que Mon Repos a ignoré les preuves apportées par Moscou. Pour le diplomate, les autorités judiciaires russes avaient fourni «de nombreuses preuves détaillées sur les activités criminelles» des recourants.
En théorie, la Russie pourrait adresser à la Suisse une nouvelle demande d'entraide judiciaire. Rien ne l'en empêcherait, a expliqué le MPC.
Les ex-oligarques déjà condamnés
Dans la demande d'entraide qu'il avait envoyée à la Suisse en août 2003, le procureur général de la Fédération de Russie soupçonnait Platon Lebedev d'avoir détourné un paquet de 20% d'actions du capital d'Apatit, une société d'Etat fabriquant des engrais.
En juin 2005, le parquet de Moscou avait affirmé que le dommage causé par les dirigeants du groupe Ioukos, entretemps liquidé, s'élèverait à 8 milliards de dollars.
Principaux accusés, Mikhail Khodorkovski et Plan Lebedev ont été condamnés à huit ans de détention