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Caricatures: Micheline Calmy-Rey s'exprime

José Bové, Charlie Hebdo et Roche
Caricatures de Mahomet: Micheline Calmy-Rey rappelle les limites de la liberté d'expression
Micheline Calmy-Rey a pris position dans la presse dominicale alémanique sur l'affaire des caricatures de Mahomet qui a enflammé le monde musulman. La cheffe de la diplomatie helvétique a rappelé les limites de la liberté d'expression.

Dans le "SonntagsBlick" et la "SonntagsZeitung", la Genevoise a condamné les violences ainsi que les appels au boycott et appelé à davantage de respect dans la polémique initiée par un journal danois.

La liberté d'expression et celle de la presse sont certes des
droits fondamentaux, mais elles ont des limites, "non seulement
légales, mais aussi éthiques", estime la conseillère fédérale. La
frontière est franchie "quand on commence à toucher à la dignité
d'autres être humains", explique la ministre socialiste.

Précisant sa pensée, Micheline Calmy-Rey a dit à la
"SonntagsZeitung" qu'elle trouvait justifié que des médias suisses
aient publié des caricatures pour montrer de quoi il était
question. Il est par contre "inacceptable" de les montrer dans
l'intention de provoquer ou de blesser des musulmans. La Genevoise
comprend la solidarité manifestée en Occident autour de la liberté
d'expression, mais elle relève que cette même solidarité est
interprétée par une partie du monde musulman comme une campagne
contre l'islam.

Le rôle particulier de la Suisse

En outre, la cheffe du Département fédéral des affaires
étrangères souligne qu'en tant que pays neutre, la Suisse a un
devoir de réserve et ne doit pas contribuer à polariser le
débat.



La Confédération, dépositaire des Conventions de Genève et berceau
de la Croix-Rouge, a un rôle particulier à remplir au sein de la
communauté internationale, celui de promouvoir le dialogue entre
des parties en conflit, a relevé la ministre. "Je suis convaincue
que seuls le dialogue et la propension à l'écoute permet le respect
et la compréhension entre les sociétés et les cultures", écrit
Micheline Calmy-Rey dans le "SonntagsBlick".



La socialiste n'admet donc pas qu'on reproche au Conseil fédéral
d'avoir manqué à son devoir en ne se solidarisant pas avec des pays
comme le Danemark. La Suisse ne se cache pas derrière la
neutralité: "je ne vois pas pourquoi nous devrions contribuer à
polariser la situation au lieu de l'apprécier de manière nuancée".
La Suisse ne doit pas prendre position en faveur de l'une des
parties.



Agences/cb

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Quelles limites à la liberté d'expression?

Le Conseil suisse de la presse étudiera prochainement quelles sont les limites à la liberté d'expression posées par la déontologie dans le cas des caricatures.

Il s'agira notamment d'examiner "la portée du respect dû aux sensibilités des communautés religieuses, des minorités ethniques et sociales".

L'autorité morale des journalistes avait estimé vendredi que la publication des caricatures de Mahomet en vue d'illustrer des articles sur la polémique est déontologiquement correcte.

Le Conseil n'a donc rien à reprocher aux journaux qui, comme le "Blick", "Le Temps", "24 Heures" et la "NZZ am Sonntag", ont publié une ou plusieurs des caricatures litigieuses du journal danois "Jyllands-Posten".

L'avis des Suisses

Le droit à exprimer ses opinions en matière de religion doit être illimité, estiment deux tiers des 1013 personnes interrogées dans un sondage du «SonntagsBlick». Ils sont 29% à penser le contraire.

Les avis divergent toutefois en fonction de la confession. Les réformés soutiennent à 70% une liberté d'expression illimitée, les catholiques à 59%, alors qu'ils ne sont que 26% des musulmans à y souscrire.

Toutefois, 60% des sondés, surtout les Alémaniques, les femmes et les personnes âgées, considèrent comme inopportune la diffusion des caricatures.

Si 24% des personnes interrogées considèrent que les musulmans représentent un danger pour la Suisse, une large majorité (71%) ne partage pas cette crainte.

Enfin, 53% des Suisses estiment que l'islam ne doit pas bénéficier de la même position que les confessions indigènes dans la Constitution fédérale. Trente-sept pour cent sont en revanche pour une égalité de traitement.