Pour trouver le nombre exact d'établissements hospitaliers en Suisse, il faut se plonger dans les 660 pages du dernier rapport de l'Office fédéral de la santé publique sur la question. En 2017, on en recensait un total de 281 dont 22 rien que dans les Grisons. Au total, plus de 38'000 lits sont disponibles, dont 24'362 dans des hôpitaux de soins généraux et 13'795 dans des cliniques spécialisées.
Est-ce trop? "C'est beaucoup pour un territoire et une population de 8 millions d'habitants, confirme Pauline de Vos Bolay, experte indépendante en gestion et planification hospitalière. Mais il faut se souvenir qu'on vient d'un système hospitalier basé sur les districts et les communes. De nombreux hôpitaux sont des reliquats de cette organisation pensée à une époque où la prise en charge était totalement différente."
"Assurer une prise en charge adéquate"
Selon certains experts de la Confédération, un établissement sur dix devrait disparaître dans les années à venir et avec eux jusqu'à 6000 lits, comme le rapporte le Blick. Objectif visé: réduire les coûts. Car les hôpitaux, toutes catégories confondues, représentent chaque année 60 milliards de francs de dépenses, soit 75% du total des coûts de la santé.
Mais cette équation n'est pas aussi simple, selon Anne-Geneviève Bütikofer, directrice de H+, la faîtière des hôpitaux suisses: "La question n’est pas de savoir combien d’hôpitaux sont utiles, mais plutôt de savoir combien sont nécessaires pour assurer une prise en charge adéquate de la population. H+ publie chaque année une enquête dans laquelle nous démontrons que la population souhaite des soins de proximité. La moitié des personnes interrogées veut par exemple avoir accès à une structure hospitalière dans les quinze minutes en cas d'urgence."
Souveraineté cantonale
A mi-chemin entre le CHUV de Lausanne et les HUG de Genève, l'Hôpital de Morges est l'un de ces établissements de proximité. Non-sens d'un point de vue géographique, il est pourtant en pleine forme. "La question centrale, c’est la masse critique. A partir du moment où vous avez un établissement qui peut faire valoir un bassin de population significatif, il a toute sa raison d’être, explique Mikael de Rham, directeur de l'Ensemble hospitalier de la Côte. Pour une grande majorité de pathologies, une prise en charge chez nous est moins chère que dans un hôpital universitaire."
Au final, il reviendra aux cantons de savoir s'ils doivent fermer ou non des établissements car eux seuls décident de la planification hospitalière. Interrogé dans le 19h30, Laurent Kurth explique "qu'on ne peut pas tout organiser depuis Berne car on échapperait à une coordination locale très importante".
Selon le conseiller d'Etat neuchâtelois en charge de la Santé, les hôpitaux pourraient à l'avenir devenir des centres regroupant de nombreux acteurs orientés sur des dynamiques de santé publique et plus uniquement sur les soins. Et de préciser que "les cantons sont très bien outillés pour organiser cette logique de réseaux".
Thierry Clémence/kg