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La Suisse se profile sur la nourriture 2.0

La Suisse veut se positionner comme un leader mondial dans l'innovation alimentaire (vidéo)
La Suisse veut se positionner comme un leader mondial dans l'innovation alimentaire (vidéo) / La Matinale / 3 min. / le 28 janvier 2020
Alors que la recherche scientifique sur l'alimentation s'accélère et que le poulet sans poulet arrive dans nos assiettes, la Suisse veut se positionner comme un leader mondial dans l'innovation alimentaire et attirer les meilleures start-up.

La Suisse veut être à la pointe en termes d'innovation dans l'alimentation. Protéines alternatives, agriculture de précision ou encore science des emballages, une association vient d'être lancée la semaine dernière au Forum de Davos: la Swiss food and nutrition valley. Son objectif? Faire venir en Suisse des start-up innovantes et les meilleurs jeunes chercheurs.

Pour travailler dans les domaines de recherche des aliments qui nous soignent, des protéines qui préservent l'environnement ou encore des produits qui limitent nos déchets. Sans oublier le travail de l'agriculture pour exploiter moins de ressources. Les défis sont encore nombreux.

Un yogourt qui aide à la régénération des cellules créé par Amazentis, une start-up de l'EPFL.
Un yogourt qui aide à la régénération des cellules créé par Amazentis, une start-up de l'EPFL.

Aujourd'hui, c'est l'avenir de notre planète qui intéresse principalement les chercheurs. Le président de l'EPFL Martin Vetterli fait un constat sans appel. L'avenir appartient aux protéines végétales. "Les protéines basées sur les animaux sont une façon peu efficace d'amener des protéines dans la nourriture. On peut également se poser des questions d'un point de vue éthique. Mais simplement au niveau de l'efficacité, pour nourrir la planète, il faut chercher des remplaçants à la nourriture animale."

Les protéines végétales

La recherche sur les protéines végétales n'est pas nouvelle. “Cela fait 25 ans que nous travaillons sur ce concept", explique le président de Nestlé Paul Bulcke. "Nous avons déjà des produits qui utilisent des protéines végétales. Il y a des gens aujourd'hui qui veulent uniquement du végétal, nous leur offrons des produits de meilleure qualité. Être végétarien ne doit pas être un sacrifice. L'impact sur l'environnement est dix fois moins grand quand on produit une protéine végétale.”

Et qu'en pensent les défenseurs des produits du terroir ? Pour le chef 3 étoiles de l'hôtel de ville à Crissier, Franck Giovannini, il faut réduire les transports et manger local. S'il est conscient des problèmes, il n'est pas encore prêt à mettre du poulet artificiel à sa carte.

"A eux de me convaincre d'essayer! Tant qu'il y aura du poulet, j'espère qu'on pourra en profiter. Mais il faut bien nourrir des milliards de personnes sur Terre. Peut-être qu'à terme, on mangera un vrai poulet pour faire la fête et que le reste du temps il y aura des protéines végétales. A voir. On est au début de la réflexion. Je pense qu'il est temps de prendre conscience que l'alimentation est importante. Il n'y a pas que la technologie et la finance!"

Vendre la nourriture 2.0

Cette nourriture peut faire peur aux futurs clients. Du côté des entreprises, comment espère-t-on vendre de la nourriture 2.0? En misant sur la qualité. Aujourd'hui, être végétarien demande un effort. Ce n'est pas toujours confortable. Il s'agit donc d'améliorer le goût des protéines végétales.

De son côté, Nestlé mise principalement sur la santé et le bien-être. "En vieillissant, on avale moins bien. Nous avons des produits qui répondent à ce problème avec une viscosité adaptée", explique Paul Bulcke. "On travaille sur des produits pour neutraliser les allergies. Car les allergies sont en augmentation. Il y a également tous les produits visant à fortifier, avec du zinc ou du fer. Le but est d'apporter des réponses aux besoins nutritionnels dans le monde. C'est le rôle de l'entreprise Nestlé."

Pour doper l'innovation en matière d'alimentation, le Conseil fédéral soutient donc une association créée par Nestlé, l'EPFL, l'école hôtelière de Lausanne et le canton de Vaud. Pourquoi ça peut marcher en Suisse?

Pôle de compétence

Concrètement, il s'agit de faire de la promotion économique. Faire venir de nouvelles entreprises et de jeunes chercheurs. Vous le savez, la Suisse se positionne principalement sur le marché de l'innovation. Notre petit pays est en huitième position mondiale pour les brevets délivrés, devant la Russie ou l'Italie.

L'association fait un pari simple: plus il y a d'entreprises travaillant dans un même domaine, plus y il a d'échanges, plus il y a d'innovation et d'emplois.

Et la Suisse dispose déjà d'un écosystème riche avec plus de 15 centres de recherche et développement en Suisse qui s'intéressent à la nourriture. Et quelques grands noms, comme Nestlé, Givaudan, Firmenich ou Tetra Laval.

Au total, c'est déjà plus de 2 milliards et demi qui sont dépensés chaque année en Suisse pour l'innovation alimentaire.

Pascal Wassmer

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