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Les avionneurs en mode séduction pour convaincre le Conseil fédéral

Le Conseil fédéral choisira quel type d'avion il veut pour son armée de l'air: l'Eurofighter (en haut à gauche), le F-35A, le F/A-18 Super Hornet (en bas à gauche) ou le Rafale. [EPA/Keystone]
Armasuisse a transmis une nouvelle demande d’offre pour l'acquisition d'avions de combat / La Matinale / 3 min. / le 30 janvier 2020
Après le deuxième appel d'offre émis le 10 janvier par le Conseil fédéral en vue de l'acquisition des nouveaux avions de combat, les quatre constructeurs préparent leurs propositions. Ils ont jusqu'en août pour déposer leur offre.

Quatre constructeurs sont en lice pour remplacer les 26 vieux Tiger et les 30 F/A-18 de l'armée suisse, qui arriveront à la fin de leur durée d'utilisation en 2030. Il s'agit du français Dassault (Rafale), de l'européen Airbus (Eurofighter) et des américains Boeing (F/A-18 Super Hornet) et Lockheed-Martin (F-35A).

A la suite des évaluations des appareils l'an dernier sur la base aérienne de Payerne (VD), l'Office fédéral de l'armement Armasuisse a transmis le 10 janvier dernier une nouvelle demande d'offre aux autorités françaises, allemandes et américaines.

Prix pour 36 et 40 avions

Cette nouvelle demande d'offre contient une centaine de critères. Parmi eux figure un prix correspondant à 36 et 40 appareils. "Le nombre exact d’unités sera défini lorsque le type d'avion aura été choisi", précise Cédric Aufranc, des Forces aériennes et référent pour le processus d'évaluation des jets.

Lockheed Martin donne une estimation du prix de ses engins: "Dans le récent contrat que nous avons signé avec le gouvernement américain pour son armée de l'air, nous avons réduit le prix du F-35A à moins de 80 millions de dollars par unité", indique Michael Kelley, responsable de vente chez le constructeur américain.

Collaboration entre les armées

Au prix s'ajoutent d'autres paramètres: "Il y a tout ce qui concerne le support produit, c'est-à-dire les simulateurs de vol et le matériel au sol, ainsi que la coopération au niveau de la formation et de l'entraînement avec un pays partenaire", rapporte Cédric Aufranc.

Des éléments qui sont mis en avant par les différents avionneurs. L'allemand Airbus mise par exemple sur la collaboration entre pays voisins: "Collaborer avec l'Allemagne permet des synergies pour l'entraînement, pour les simulations et pour tout ce qui concerne les pièces de rechange", affirme le patron Dirk Hoke.

Côté américain, on mise sur la continuité. La flotte suisse est actuellement composée d'avions américains, rappelle l'ambassadeur américain en Suisse Edward Mc Mullen: "L'histoire des Etats-Unis et de la Suisse travaillant ensemble sur des avions de classe mondiale pour les objectifs suisses est bien établie depuis 30 ans avec les F/A-18. Nous avons aussi de nombreuses bases à travers l'Europe par le biais de l'OTAN et nous avons pu assurer que la Suisse dispose des pièces et des produits dont elle a besoin."

>> Lire aussi : L'achat d'un nouvel avion de combat, un choix militaire et diplomatique

Compensations au profit de l'industrie suisse

Les concurrents étrangers devront également préciser leurs projets en lien avec les affaires compensatoires. Celles-ci doivent permettre à des entreprises suisses de bénéficier de mandats à hauteur de 60% de la valeur du contrat. Ces affaires devront autant que possible être réalisées pour 65% en Suisse alémanique, 30% en Suisse romande et 5% en Suisse italienne.

"Nous avons beaucoup d'expérience dans la collaboration avec les entreprises suisses. A ce jour, nous avons coopéré avec 200 de ces sociétés", explique le directeur d'Airbus Dirk Hoke.

Quant à Lockheed Martin, le constructeur assure "travailler sur des projets qui permettraient à la Suisse d'être autonome dans la maintenance des F-35A."

Protection des données et bruit

La protection des données représente également un enjeu important. La crainte en Suisse est de voir les pays constructeurs récolter des informations sensibles par le biais du système informatique de l'avion. De quoi constituer une menace sur la souveraineté du pays.

Les avionneurs européens affirment que les données récoltées par leurs jets seraient mieux protégées avec leurs systèmes qu'avec ceux des Américains. Quant à ces derniers, ils se veulent rassurants. Et Michael Kelley de préciser: "Si la Suisse choisit de partager les données avec Lockheed Martin, celles-ci seront protégées avec les plus haut moyens de cybersécurité."

>> Lire aussi : Le défi de la protection des données des futurs avions de combat suisses

Le bruit des appareils a aussi été pris en compte par Armasuisse. "On a procédé à des mesures du bruit lors des tests des avions à Payerne", explique Cédric Aufranc.

Pour rappel, les Suisses voteront cet automne sur une enveloppe de 6 milliards destinée à l'achat des nouveaux avions de combat. Il reviendra cependant au Conseil fédéral de choisir le type d'appareil.

Mathieu Henderson et Marie Giovanola

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Nouveau système sol-air

Le 10 janvier, Armasuisse a également demandé de nouvelles offres aux organismes gouvernementaux des constructeurs retenus pour le nouveau système de défense sol-air: à la France pour le consortium Eurosam et aux Etats-Unis pour la société Raytheon. Israël avait renoncé en mars. Avions et défense sol-air ne doivent pas forcément être acquis auprès du même pays ou de pays différents.

La surface à couvrir par la défense sol-air doit toujours être de 15'000 km2 au moins. Le système doit atteindre une altitude d'engagement de plus de 12'000 m et une portée supérieure à 50 km. Mais alors qu'il n'était tout d'abord pas nécessaire que le système dispose d'une capacité de défense contre des missiles balistiques, ce point devra être clarifié. Ruag RMO a par ailleurs été désignée comme centre de compétence pour le matériel. (ats)