Les démarcheurs sont la plupart du temps rémunérés 1 franc par signature et plusieurs d'entre eux sont engagés par INCOP, la plus grosse agence de récolte en Suisse romande. Selon un contrat que Mise au Point s'est procuré, INCOP touche de son côté 2,70 francs par signature.
Un ex-employé explique que les collaborateurs "n'ont reçu aucune formation sur le système politique suisse" et que "les récolteurs mentent parfois pour obtenir les signatures".
Dans une séquence tournée en caméra cachée, Mise au Point révèle les procédés utilisés: mensonges, feuilles de signatures pliées, informations lacunaires.
Deux référendums concernés
Franck Tessemo, le directeur d’INCOP, nie toute responsabilité. Selon cet entrepreneur de 24 ans, il s'agit de "dérapages" et de cas isolés. Il se dit "navré de ce qui s’est passé" et espère "ne pas perdre la confiance des citoyens". Selon lui, la vocation d’INCOP est "d’informer les gens sur les sujets et de ne pas prendre parti. Notre but est de favoriser la démocratie directe", précise-t-il.
Ces pratiques trompeuses sont avérées sur au moins deux référendums récents: celui de l'UDF contre la loi qui punit l’homophobie, soumis au vote le 9 février prochain, ainsi que celui contre le congé paternité, piloté par l’UDC.
Trois partis admettent, un ne répond pas
En réponse aux demandes de Mise au Point, trois partis ont admis avoir utilisé la récolte rémunérée: le PS, les Verts et le PDC. Le PLR n’est pas concerné, car il n'a pas lancé d'initiative ou de référendum ces six dernières années.
L'UDC n'a jamais répondu à nos questions précises. Selon des informations de la RTS, le comité référendaire contre le congé paternité, piloté par l'UDC, a pourtant bien utilisé les services d'INCOP pour récolter des signatures en Suisse romande.
Jérôme Galichet/boi