Le reportage de Mise au Point révélait divers procédés opaques et trompeurs utilisés par la société INCOP pour récolter des signatures et notamment le fait que les démarcheurs mentent fréquemment sur la nature des projets de loi pour obtenir un maximum de paraphes.
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Dans un communiqué publié lundi et intitulé "La démocratie ne s'achète pas", les Verts vaudois assurent n'y avoir jamais eu recours lors de leurs propres initiatives cantonales et dénoncent ce type de pratiques. A leurs yeux, le fait même de rémunérer la récolte de signatures, pour une initiative ou un référendum, devrait être proscrit.
"Les citoyens perdent confiance dans le système"
La députée verte Rebecca Joly va ainsi intervenir mardi au Parlement vaudois via une motion pour interdire toute récolte de signature rémunérée, comme c’est déjà le cas dans le canton de Genève. Les Verts vaudois disent ainsi "espérer ouvrir le débat sur ces pratiques et revenir à des règles plus transparentes, éthiques et équitables dans l’exercice des droits politiques".
"Là, on est clairement dans le mensonge. Il faut qu'on arrête ces pratiques. Les droits populaires ne doivent pas être l'objet de tromperies, sinon les citoyens perdent confiance dans le système", a expliqué Rebecca Joly dans l'émission Forum de la RTS. "C'est quelque chose qu'on a vu cet été sur le terrain. Les gens étaient méfiants, demandaient si on était payés pour récolter des signatures. Il y a une méfiance qui se crée, et tous les droits populaires pourraient en pâtir", s'alarme l'élue écologiste.
Elle concède toutefois que, si les Verts vaudois n'ont jamais fait appel à des sociétés qui rémunèrent les démarcheurs, le parti national l'a fait une fois. "Mais l'essai n'a pas été satisfaisant. Il s'agit plutôt d'une erreur qui ne sera pas reconduite", promet Rebecca Joly.
Dans le 19h30, le vice-président des jeunes PLR Nicolas Jutzet fait exactement le même constat, en pleine période de récolte de signatures pour leur initiative sur les rentes. "Il y a une sorte de suspicion générale", déplore le politicien neuchâtelois.
Deux référendums concernés
Interrogé dans Mise au Point, un ex-employé avait expliqué que les collaborateurs de la société INCOP "n'ont reçu aucune formation sur le système politique suisse" et que "les récolteurs mentent parfois pour obtenir les signatures".
Franck Tessemo, le directeur d’INCOP, a lui nié toute responsabilité. Selon cet entrepreneur de 24 ans, il s'agit de "dérapages" et de cas isolés. Il se dit "navré de ce qui s’est passé" et espère "ne pas perdre la confiance des citoyens".
Ces pratiques trompeuses sont avérées sur au moins deux référendums récents: celui de l'UDF contre la loi qui punit l’homophobie, soumis au vote le 9 février prochain, ainsi que celui contre le congé paternité, piloté par l’UDC. Chez les Verts, une plainte contre X pour dénoncer ces pratiques est toujours à l'étude. "On trouve important de porter le cas devant la justice", a indiqué Rebecca Joly, qui précise que le parti ne sait pas encore s'il va la déposer ou non.
Pour le procureur général du canton de Neuchâtel Pierre Aubert, lui aussi interrogé dans Forum, prouver une tromperie intentionnelle dans le cadre d'une récolte de signatures sera néanmoins difficile.
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