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Elections cantonales vaudoises: lutte serrée

Qui seront les prochains élus à la Riponne?
Qui seront les prochains élus à la Riponne?
Douze candidats briguent un siège au Conseil d'Etat le 11 mars. Le scrutin se jouera entre les 4 représentants de la droite unie et les 5 candidats de gauche qui se présentent sur 2 listes distinctes.

La gauche rêve de passer un cap historique ce printemps. Forte
de ses progressions aux élections cantonales de 2002 et aux
communales de l'an dernier, elle ambitionne de prendre le pouvoir
aussi bien au Grand Conseil qu'au Conseil d'Etat.

Mésentente à gauche

Ses différentes composantes n'ont toutefois pas réussi à
s'entendre sur une liste commune dès le premier tour. Résultat: les
socialistes Pierre-Yves Maillard et Anne-Catherine Lyon, deux
locomotives électorales incontestées, se présentent aux côtés du
popiste Josef Zisyadis, ancien conseiller d'Etat de 1996 à
1998.



Contre l'avis de leurs alliés rose-rouge, les Verts ont lancé leur
propre ticket avec deux candidats: le sortant François Marthaler,
accompagné du député de Gland, Philippe Martinet. A gauche, le
premier tour servira de primaires. Le moins bien élu devrait se
retirer au 2e tour, le 1er avril.

La droite serre les coudes

La droite, qui doit faire face aux départs de Jacqueline
Maurer-Mayor (PRD) et Charles-Louis Rochat (LIB), se sent menacée,
mais elle a su se serrer les coudes. Elle a fait taire ses
dissensions internes entre libéraux et radicaux: les sortants
Pascal Broulis (PRD) et Jean-Claude Mermoud (UDC), qui devraient
être facilement réélus, font liste commune avec le député Philippe
Leuba (PLS) et l'avocate Jacqueline de Quattro (PRD).



Trois autres candidats sont en lice mais ils ont peu de chances de
l'emporter: le PDC Mario-Charles Pertusio, ancien président du
parti cantonal, Maximilien Bernhard, secrétaire romand de l'Union
démocratique fédérale, et l'ancien chanteur Ted Robert. Neuf
listes, comprenant 12 candidats au total, ont été déposées.

Passage à 150 sièges au Grand Conseil

Pour le Grand Conseil, les places s'annoncent chères. Comme le
veut la nouvelle constitution, le nombre de députés va fondre de
180 à 150. Et dix arrondissements électoraux se substitueront aux
19 districts actuels, ce qui va pénaliser un grand parti comme les
radicaux qui sont déjà sortis groggy des dernières
communales.



Difficile dans ces conditions de prédire les scores au soir du 11
mars. L'UDC s'annonce conquérante: elle lance 146 candidats et
espère progresser de 5 à 6 % au Grand Conseil. Elle passerait ainsi
de 22 députés sur 180 à au moins 25 sur 150.

Ambitions vertes

Les Verts, avec 146 candidats, visent le maintien de leurs 24
sièges actuels, voire une hausse à 28 sièges. Les socialistes (144)
espèrent rester le plus grand groupe parlementaire et, au moins,
maintenir leurs positions, ce qui représente 39 députés sur 150. Le
POP (116) souhaite passer de 6% à 9,5 % et décrocher 14
sièges.



Les libéraux (131) aimeraient obtenir au moins 24 sièges sur 150,
un résultat proportionnellement proche de leur force actuelle. Les
radicaux (136), poids lourds du Grand Conseil avec 44 élus,
s'attendent à reculer. Ils savent que l'ancien découpage électoral
les favorisait. Ils seraient satisfaits avec 30 députés.



Le PDC (2 élus) s'allie avec l'Union démocratique fédérale et le
Parti évangélique pour tenter de décrocher le quorum de 5 %,
introduit par la Constitution. Les trois formations espèrent
envoyer une demi-douzaine d'élus au Grand Conseil.

Petits poucets

Enfin, ni de droite, ni de gauche: Riviera Libre et les
Régionaux Libres de Nyon se sont affranchis des partis politiques
traditionnels. Les deux petites formations se lancent à l'assaut du
Grand Conseil. Riviera Libre, qui présente 13 candidats, espère
décrocher 2 sièges dans son district, tandis que les Régionaux
Libres de Nyon, avec une liste de 11 personnes, vise un siège à
Lausanne.



ats/tac

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Analyse et pronostics au Conseil d'Etat

Le Conseil d'Etat basculera-t-il à gauche? Pour le politologue de l'Université de Lausanne René Knusel et le syndic mathématicien de Lausanne Daniel Brélaz, les jeux sont loin d'être faits. La droite présente une liste unie alors que la gauche part divisée.

Pour Daniel Brélaz, la gauche ne réussira à prendre la majorité que si aucun de ses partenaires - Verts, socialistes et popistes - ne se sent lésé.

René Knusel doute que le camp rose-rouge-vert puisse retrouver une réelle unité au soir du 1er tour: parmi les Verts, certains ne veulent pas entendre parler de Josef Zisyadis, observe-t-il.

Pour le syndic de Lausanne, «Pascal Broulis et Jean-Claude Mermoud sont les deux seuls candidats qui ont une chance de passer au 1er tour.» A gauche, Pierre-Yves Maillard devrait précéder Anne-Catherine Lyon, François Marthaler, puis Philippe Martinet et Josef Zisyadis au coude-à-coude.

René Knusel juge lui peu probable qu'un candidat passe au 1er tour. Et s'il devait y avoir une exception: ce serait Pascal Broulis qui peut s'auréoler d'avoir réussi à redresser les finances cantonales. «L'effet caisse unique pourrait éventuellement faire passer Pierre-Yves Maillard au 1er tour», ajoute-t-il.

Législatif: peu de changements en vue

Pour le Grand Conseil, René Knusel et Daniel Brélaz estiment qu'un basculement à gauche est peu probable mais qu'un resserrement des camps est programmé. L'écart actuel de 18 sièges au profit de la droite va diminuer. Daniel Brélaz estime en outre que le PRD devrait garder le leadership à droite et le PS rester le plus grand parti du Parlement vaudois.

René Knusel s'attend lui à une progression des Verts et de l'UDC. Il prédit un net tassement radical: le parti va payer le prix du redécoupage électoral - l'ancien découpage l'avantageait et poursuivre sa descente aux enfers».