Les agriculteurs, les milieux politiques et le gouvernement
devront alors décider s'ils approuvent les organismes génétiquement
modifiées (OGM) dans l'agriculture helvétique et par conséquent
dans la chaîne alimentaire. Pour prendre la bonne décision, ils
leur faudra donc disposer de toutes les connaissances scientifiques
possibles.
Standards élevés en péril
Les paysans n'ont en effet pas l'intention de recourir à de
nouvelles technologies qui risqueraient de mettre en péril les
standards élevés atteints jusqu'à présent en matière d'écologie, de
qualité et de sécurité et dont l'avantage économique n'est pas
démontré, a affirmé mardi à Berne l'Union suisse des paysans.
Et son président Hansjörg Walter de préciser dans quels domaines
la recherche publique devrait être active. Il s'agit d'abord
d'évaluer les effets des OGM sur les organismes du sol ou en tant
que plantes fourragères. Les coûts de la cohabitation entre une
agriculture sans OGM et une agriculture avec OGM doivent aussi être
analysés.
Défi de taille
Pour la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon, qui
dépend du Département fédéral de l'économie, le défi est donc de
taille. Elle ne part toutefois pas de zéro puisque depuis dix ans,
elle étudie les répercussions sur le sol, l'eau et la biodiversité
des OGM, a expliqué son directeur, Paul Steffen.
Mais afin d'approfondir ces connaissances, le Conseil fédéral a
décidé, quelques jours après l'approbation par les citoyens du
moratoire, de lancer un programme national de recherche (PNR 59).
Doté de 12 millions de francs, il devrait prendre fin en 2009.
Avantages possibles
Si pour l'instant, la culture de OGM n'apporte aucun avantage à
l'agriculture suisse, la situation serait tout autre si l'on venait
à trouver, par exemple, une pomme de terre résistant au mildiou, a
souligné M. Steffen. Celle-ci offrirait en effet la possibilité
d'appliquer moins de fongicides.
Les avantages du génie génétique ne doivent pas être oubliés, a
confirmé M. Walter. Et de citer comme autre exemple le potentiel
pour l'agriculture de la culture de OGM destinées à la production
de substances à usage médical. L'élaboration de tels produits doit
toutefois venir des entreprises privées et non du secteur public,
a-t-il ajouté.
ats/kot
OGM et sécurité alimentaire
Au niveau international, le développement de plantes transgéniques avance très vite, a rappelé Franz Bigler, responsable «sécurité biologique» à l'Agroscope.
Il n'est donc pas exclu que leur culture commerciale soit un jour envisagée en Suisse aussi. C'est pourquoi la station tente également d'établir des principes et concepts en vue de leur future utilisation.
Si cela devait devenir une réalité, la loi exige du fabricant de semences qu'il présente un plan de surveillance, lequel doit être approuvé par les autorités, a précisé M. Bigler.
Ce programme de monitoring doit permettre de surveiller l'environnement en général et l'influence des OGM sur les sols, le climat, la faune et la flore.
Selon les publications scientifiques disponibles actuellement, l'Agroscope a constaté qu'une coexistence entre les agricultures avec et sans OGM serait possible, a encore indiqué M. Bigler. Il faudrait toutefois prendre des dispositions techniques pour les séparer correctement, ce qui peut s'avérer très coûteux.