Les défenseurs des prévenus ont reproché au représentant du
Ministère public d'avoir formulé un réquisitoire à la mesure du
butin de plus de dix millions de francs réalisé en janvier 2004,
lors du hold-up commis à Marin. Selon eux, la valeur de l'or dérobé
ne constitue pas un facteur aggravant par rapport au délit.
Considéré comme l'instigateur du hold-up, l'ancien chef de la
succursale de Neuchâtel de la société Protectas a écopé de huit ans
de prison. Un agent auxiliaire de cette même société, qui avait
introduit les malfrats dans la place, devra subir quant à lui cinq
années de détention.
Deux accusés domiciliés dans le canton de Vaud, d'origine
française et valaisanne, ont été condamnés respectivement à huit
ans et trois ans et neuf mois de prison. Pour le premier, la Cour a
retenu son rôle actif dans le recrutement en France des auteurs du
hold-up, dont on présume qu'ils étaient au nombre de cinq.
Un cinquième prévenu, établi dans le canton de Vaud, finalement
écarté du coup après avoir contribué à l'amorcer, devra retourner
en prison pour 19 mois, après avoir subi cinq mois de détention
préventive. Un sixième accusé, dont la Cour d'assises a reconnu le
rôle secondaire, a été acquitté dans le cadre de cette affaire.
Dans l'esprit du réquisitoire
Quoique légèrement inférieures au réquisitoire, les peines
infligées sont conformes à l'intention exprimée par le Ministère
public. La Cour d'assises a retenu l'infraction de brigandage
aggravé, en raison du caractère audacieux de l'entreprise et du
port d'armes à feu, finalement non utilisées.
Le délit de complicité de brigandage a été retenu pour le prévenu
finalement écarté du coup. Pour les quatre autres personnes
condamnées, la Cour a considéré qu'elles avaient agi en qualité de
co-auteurs du hold-up, tout en admettant pour trois d'entre elles
qu'elles n'ont pas participé directement à son exécution.
Intime conviction
En revanche, le tribunal est parvenu à la conclusion que
l'accusé d'origine française, condamné à huit ans de réclusion, a
participé au braquage en qualité de chauffeur ou de guide, lors de
la fuite des malfrats en direction de la France. Un faisceau
d'indices convergents a conforté la Cour dans cette opinion.
Le verdict prononcé jeudi met un terme au volet suisse de cette
affaire, qui fait toujours l'objet d'une instruction en France. Un
des exécutants présumés du hold-up, un ressortissant corse, a été
arrêté en mars 2005. Un deuxième auteur présumé, également
d'origine corse, a été interpellé le 18 mars dernier au Brésil.
Butin colossal
Le casse perpétré en janvier 2004 est un des plus importants
jamais commis en Suisse. Les 666 kg d'or formant le butin n'ont à
ce jour pas été récupérés. Selon le président de la Cour d'assises,
la valeur de l'or dérobé, estimée à plus de dix millions de francs,
a influencé le verdict au second degré seulement.
Les prévenus condamnés jeudi n'ont pas perçu un seul centime du
butin envolé sous d'autres cieux. La société Metalor, spécialisée
dans le traitement industriel des métaux précieux, a récupéré son
bien en vertu du contrat d'assurances inclus dans le mandat de
surveillance confié à Protectas.
De minces chances
Les chances de récupérer un jour le butin semblent à première
vue assez minces. Selon le Ministère public neuchâtelois, la loi du
silence observée dans le milieu corse a empêché apparemment
jusqu'ici toute progression significative de l'enquête qui se
poursuit en France.
ATS/dsz
Les Corses, principaux responsables
La défense avait demandé des peines compatibles avec le sursis ou de quelques années de prison, soulignant que les accusés n'étaient que des seconds couteaux.
Les principaux auteurs du braquage sont des Corses, dont plusieurs ont été arrêtés l'an dernier dans le Sud de la France.
Ils avaient dérobé 666 kilos d'or, représentant une valeur de plus de dix millions de francs suisses. Seule une petite partie du butin a été retrouvée