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Pénurie en vue: les électriciens veulent agir

Atome, Népal et Paléo
Les électriciens ne veulent pas écarter l'option nucléaire.
La consommation d'électricité n'a cessé de progresser aux cours de ces dernières années en Suisse. Les électriciens veulent trouver des solutions d'avenir pour éviter toute pénurie.

Les programmes d'économie d'énergie ne parviennent pas à
infléchir la consommation d'électricité du pays. Année après année,
les Suisses et l'économie domestique dévorent davantage de courant
alors que bon nombre d'appareils sont censés en consommer de moins
en moins.

Si la Suisse ne fait rien, elle devra régulièrement
s'approvisionner à l'étranger pour pallier la baisse de production,
prédit l'Association des entreprises électriques suisses, qui a
donné mardi une conférence de presse sur ce thème. C'est d'ailleurs
ce qui s'est passé pour la première fois en 2005: la Suisse a
consommé plus d'électricité qu'elle en a produit.



Les entreprises électriques estiment que l'importation de courant
a ses limites. D'une part cela se répercute sur l'emploi et le
savoir faire dans ce domaine et d'autre part, la Suisse pourrait
devenir de plus en plus dépendante de pays étrangers alors que
notre société est de plus en plus tributaire de l'électricité.

Dates butoirs

Structurellement, cette évolution pose de gros problèmes.
Quelque 40% de l'électricité du pays est produite aujourd'hui par
des centrales nucléaires, dont les premières arriveront à bout de
souffle à l'horizon 2020 et les dernières vers 2040 dans le
meilleur des cas. Le reste provient de différents types
d'installations hydrauliques: barrages et centrales au fil de
l'eau.



Comme il est difficile d'augmenter de plus de 5% environ la
production des installations hydrauliques, notamment pour des
questions environnementales, il faut trouver des solutions pour
remplacer ces 40% qui feront peu à peu défaut et satisfaire ainsi
une très probable augmentation de la consommation.

L'option nucléaire

Le lobby du nucléaire, avec le puissant groupe Axpo en tête,
essaie de préparer l'opinion publique à un éventuel remplacement
des centrales nucléaires par de nouvelles installations. Ces
électriciens soulignent notamment que l'atome ne produit aucun gaz
à effet de serre, ce qui est loin d'être négligeable.



Quant aux producteurs d'électricité dans leur globalité, ils
estiment qu'il serait aussi possible de remplacer ces
installations, du moins pour une période de transition, par des
centrales à gaz. Evidemment, ces deux options suscitent la
controverse au sein des organisations de protection de
l'environnement.

Le problème du CO2

Alors que la question de l'élimination et du stockage des
déchets nucléaires n'a pas encore trouvé de solution satisfaisante,
les installations à gaz ne présentent pas que des qualités. Certes,
les centrales à gaz polluent moins que celles à charbon ou au fuel,
notamment en terme de particules fines, cependant, comme toutes les
installations brûlant des hydrocarbures, elles émettent du C02,
dont la production est désormais soumise à des contraintes
législatives, vu qu'il s'agit d'un gaz à effet de serre.



En plus, sachant que les prix du gaz suivent ceux du pétrole, on
peut se demander s'il n'est pas délicat de trop investir dans cette
option compte tenu de l'évolution des prix des hydrocarbures ces
dernières années... Quoi qu'il en soit, la conversion de la
centrale thermique de Chavalon, en Valais, en une centrale combinée
au gaz avance. EOS et Romande Energie viennent de mettre en
soumission le mandat d'ingénierie de base. L'investissement pour ce
qui serait la première centrale de ce type du pays s'élève à 340
millions de francs.

Sources alternatives

Face à ce constat, les défenseurs de l'environnement se tournent
du côté des énergies alternatives. En Allemagne, par exemple, près
de 6% de l'électricité est déjà produite par des éoliennes et un
ambitieux projet devant stimuler le développement de l'énergie
solaire avait été lancé avant que la majorité rose-verte ne
vacille.



Les électriciens estiment que dans l'immédiat les énergies
alternatives, comme les éoliennes, la géothermie ou les cellules
photovoltaïques, bien qu'intéressantes, ne permettent pas de
répondre à la demande dans des conditions économiques
satisfaisantes.



Pour sortir de l'impasse, les électriciens préconisent donc de ne
pas mettre tous les œufs dans le même panier. Selon eux, il faut
accroître encore la production hydraulique, développer les énergies
renouvelables tout en travaillant sur l'acceptation de l'option
nucléaire et la construction de centrales à gaz.



Xavier Studer

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Rapport de l'OFEN

L'Office fédéral de l'énergie travaille activement à notre avenir énergétique en collaborant avec des experts externes.

Les travaux d'élaboration des perspectives énergétiques jusqu'en 2035 ont débuté en automne 2003.

Les résultats devraient être disponibles fin 2006 et serviront de base au débat politique sur le futur développement des politiques énergétiques et climatiques suisses.

Selon des informations rendues publiques en mars de cette année, l'OFEN n'excluait ni l'option nucléaire, ni l'option gaz.

Commentaire: un choix de société

Le remplacement de nos centrales nucléaires n'est pas, et de loin, qu'un problème technique. Il implique surtout des choix de société et politiques.

Les experts semblent d'accord: si on y met le prix et les moyens, il serait possible de remplacer une grande partie de la production nucléaire par des énergies renouvelables.

L'Allemagne, lorsque la majorité rose-verte était aux commandes, par son volontarisme politique, avait montré la voie notamment en matière de courant éolien ou photovoltaïque.

Mais pour aller contre les lois du marché, le gouvernement avait dû imposer un prix de rachat pour le courant produit par de telles installations pour permettre aux producteurs de rentrer dans leurs frais.

Le constat semble clair. En l'état actuel, dans un marché de l'énergie qui se libéralise, les énergies alternatives auront beaucoup de peine à se développer sans le soutien des collectivités et des consommateurs.

Plusieurs producteurs vendent déjà des kilowatts verts ou écologiques, comme les services industriels de Lausanne, les Entreprises électriques fribourgeoises ou encore la ville de Genève. Même si la demande existe, on ne semble pas assister à un raz-de-marée.

Au fond, la question est de savoir si les consommateurs et les entreprises sont prêts (ou peuvent économiquement se permettre) à payer leur courant vert plus cher. Autrement dit, existe-il une demande pour ce type de produit?

Xavier Studer