Les homosexuels ont remporté une victoire "sans bavure", estime La Liberté. Le journal remarque toutefois que la nouvelle norme est accueillie plus tièdement en Suisse alémanique, "où la limitation de la sacro-sainte liberté d'expression en a effarouché plus d'un". Sur le prochain débat du mariage pour tous, "la victoire d'hier", obtenue après sept ans de débats, "devrait inciter les homosexuels à la patience", souligne le quotidien fribourgeois, qui rappelle que la démocratie directe avance à son rythme, "au pas du montagnard". Certes, une union civile sans accès à la procréation médicalement assistée, comme le soutient le Conseil fédéral, ne constituerait qu'une "avancée modeste", reconnaît le quotidien, mais une ouverture de la PMA poserait toutefois des questions sensibles, qui "méritent d’être approfondies".
Le Courrier salue quant à lui "le progrès indubitable" que constitue l'acceptation de ce texte. "Les mots ont un sens, ils peuvent blesser, meurtrir, voire tuer. Se donner quelques règles en la matière est politiquement un progrès", souligne le quotidien. Il voit dans le large soutien au texte un signe que "les mentalités ont évolué". Cela est de bon augure pour les prochaines étapes du débat, à savoir le mariage pour tous et la question "sans doute plus sensible" de l'accès à la procréation médicalement assistée.
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Retard rattrapé
Pour le Nouvelliste, le résultat sur la nouvelle loi est une "victoire personnelle gagnée de haute lutte" pour Mathias Reynard, après sept ans à batailler sur le sujet. Le quotidien valaisan estime "qu'il est possible de faire changer les choses en Suisse lorsqu'on fait de la politique, même s'il est long d'arriver à ses fins". "Cette loi, si elle ne déploiera pas d'exceptionnels effets, est d'une banale évidence, tant son refus est théoriquement indéfendable", estime encore le journal.
Le Journal du Jura note pour sa part qu'avec ce vote, la Suisse "rattrape enfin son retard sur la plupart des pays européens". Et le "oui d'hier va sans doute permettre de donner un coup d'accélérateur à la question du mariage pour tous", ajoute le journal. La question de la PMA et de la coparentalité est en revanche beaucoup plus sensible et si les partisans d'une ouverture complète chargent trop le bateau, ils risquent de braquer une partie de la population, avertit le journal. Il rappelle que la Suisse est le "pays des petits pas, "vouloir imposer à la population des changements au forceps, c'est foncer tête baissée dans le mur".
Un pas vers l'égalité
Du côté alémanique, la NZZ juge la nouvelle loi avant tout comme symbolique. "Le droit pénal ne change pas l'attitude des gens. C'est un outil coercitif", qui ne fera pas disparaître les ressentiments existants. La nouvelle norme "ne jouera qu'un rôle mineur dans la pratique juridique", remarque le quotidien zurichois libéral.
A l'opposé, le Blick estime lui que la nouvelle loi va apporter plus de liberté à des centaines de milliers de citoyens, soit aux 3 à 10% d'homosexuels, de lesbiennes et de bisexuels présents en Suisse qui n'auront plus à supporter l'homophobie. "Aujourd'hui, la plupart des gens ne se soucient pas de savoir qui va au lit avec qui", explique le quotidien populaire zurichois. Le "oui" n'est pas une censure ou une muselière, mais exige seulement "de réfléchir avant de parler - ce qui n'a jamais fait de mal".
Lui emboîtant le pas, le Tages-Anzeiger juge que "les homosexuels n'ont pas obtenu une protection spéciale avec cette loi, mais un pas de plus en direction de l'égalité". "Aujourd'hui, ils sont menacés et marginalisés". La population a "dit clairement qu'elle ne tolérera plus cela", martèle le journal, qui rappelle que le Conseil national doit bientôt empoigner le projet du "mariage pour tous", prévoyant le mariage au civil pour les homosexuels. "Il y a 80 ans, l'amour entre personnes du même sexe était interdit. Il y a 30 ans, il était restreint. Bientôt, nos descendants se souviendront de l'époque où il était interdit aux couples d'hommes et de femmes de se marier".
ats/ebz
Une "victoire symbolique" pour la Grève du climat dans le canton de Vaud
Le Temps et 24 Heures ont, eux, consacré leurs éditoriaux à l'élection complémentaire au Conseil d'Etat vaudois, qui aura montré, selon eux, qu'il est grand temps de prendre au sérieux les revendications environnementales de la jeunesse.
Pour le Temps, même si la PLR Christelle Luisier a été élue, c'est bien le collectif de la Grève du climat qui a "remporté symboliquement cette élection". Le journal qualifie même de "tremblement de terre politique et sociétal" le fait que la candidate de la Grève du climat, qui ne répond à "aucun des critères politiques traditionnels", soit parvenue à rassembler presque un Vaudois sur quatre. La question environnementale s'est installée durablement et il s'agit d'y apporter des solutions, souligne le Temps. Et d'ajouter que, pour y répondre, "écouter cette jeunesse motivée" pourrait être une chance, une chance qu'il est "vraiment temps de saisir" pour le gouvernement vaudois et sa nouvelle élue.
"Il faudra bien entendre ce son antisystème de moins en moins éphémère. Et l'intégrer dans une nouvelle façon de faire de la politique", abonde 24 Heures. Et le journal de parler de "défaite qui ne dit pas non nom" pour les Verts car, au vu des résultats, une candidature écologiste d'un parti gouvernemental aurait eu ses chances. Une telle candidature aurait permis de "mettre la pression pour que l'environnement retourne dans le giron de ceux qui s'en préoccupent vraiment", estime le journal.