Plus de 90'000 personnes ont signé le référendum contre la loi
sur l'asile, et plus de 75'000 celui contre la loi sur les
étrangers, ont indiqué les organisations référendaires. Les
citoyens sont appelés aux urnes si un référendum réunit au moins
50'000 paraphes.
Le référendum contre la loi sur l'asile a été lancé par la
Coalition pour une Suisse humanitaire, le PS Suisse ainsi que par
le Comité 2 X Non, présidé par l'ancienne conseillère
fédérale Ruth Dreifuss.
Celui contre la loi sur les étrangers a été initié par les Verts,
le Forum pour l'intégration des migrants et le Comité
2 X Non.
Personnalités engagées
Le rassemblement organisé au centre de la capitale à l'occasion
du dépôt des paraphes a réuni une bonne centaine de personnes, dont
Ruth Dreifuss. L'ancienne conseillère fédérale socialiste préside
le Comité pour le double NON, qui a lancé le référendum aussi bien
contre la nouvelle loi sur l'asile que contre celle sur les
étrangers.
Parmi les personnalités présentes sur la Waisenhausplatz figurait
également l'ancien chancelier de la Confédération François
Couchepin (radical). Celui-ci ne faisait toutefois pas partie des
orateurs officiels.
Campagne à succès
Les orateurs se sont félicités du succès de la campagne
référendaire. Ils ont tous souligné le caractère contraire à la
tradition humanitaire de la Suisse, excessif et contre-productif
des «lex Blocher» adoptées en décembre par le Parlement. Leur
slogan: «non à l'arbitraire, non à l'exclusion, non à la
barbarie».
Besoins économiques
Ruth Dreifuss s'est élevée de son côté contre la loi sur les
étrangers, qui rate sa cible selon elle. La Suisse doit adapter sa
politique migratoire aux besoins de l'économie.
Or on ne répond pas à ces besoins en excluant les travailleurs
extra-européens non qualifiés, a relevé Mme Dreifuss en faisant
allusion notamment aux tâches d'aide domestique ou familiale.
«Cette loi encourage donc les gens à demander l'asile ou à devenir
clandestin.»
«Il nous faut une loi sur l'immigration et non pas une loi
spéciale pour les non-européens», a renchéri la municipale
zurichoise Monika Stocker (Verts). Les solutions proposées ne sont
qu'un «placebo»: elles n'empêcheront pas les gens concernés de
rester en Suisse, dans l'illégalité avec tous les risques que
cela
comporte.
Regroupement familial
Autre grief, la sévérité accrue en matière de regroupement
familial. Cela multiplie les obstacles à l'intégration, alors même
que des améliorations ont été introduites à ce niveau dans la loi,
d'après Ruth Dreifuss. La Genevoise est d'ailleurs d'avis que les
dispositions visant à favoriser l'intégration devraient être
reprises au cas où les textes en votation sont rejetés par le
peuple.
ats/sn
Deux points en ligne de mire
Deux points ont été dénoncés en particulier au chapitre de l'asile: l'extension de la suppression de l'aide sociale à tous les requérants déboutés et le tour de vis donné contre les personnes qui ne peuvent pas présenter des papiers d'identité ou des documents de voyage dans les 48 heures.
La prolongation jusqu'à deux ans des mesures de contraintes, applicables aux requérants d'asile et aux étrangers indésirables qui s'opposent à leur renvoi, est aussi dans le collimateur. Pour Ruth Dreifuss, il est inadmissible de traiter «comme des criminels» des personnes qui ont en fait rêvé d'un avenir meilleur.