Un scandale éclabousse l'Université de Genève
Les abus sont apparus dans le cadre des contrôles réguliers
effectués par l'Université. «Nous avons nous-mêmes commandité un
rapport à une fiduciaire», a indiqué dimanche à l'ATS André Hurst,
recteur de l'Université de Genève, confirmant l'information parue
dans «Le Matin Dimanche». «Nous en avons pris connaissance fin 2005
et l'avons remis début 2006 à l'Inspection cantonale des finances
(ICF)».
L'affaire porte sur la facturation de frais de déplacements
comprenant des «irrégularités importantes», lors des voyages à
l'étranger ou des séjours en hôtel, au bénéfice de certains
professeurs à titre personnel. Le rapport relève, par ailleurs, des
facturations qui n'ont pas fait l'objet d'une double signature,
contrôle pourtant obligatoire.
Plainte pénale
«Nous avons notamment constaté la récidive d'un professeur qui a
reçu un avertissement, sanction interne à l'Université», a ajouté
M. Hurst. Le troisième volet s'est ouvert en mars par une
«dénonciation pénale, après en avoir discuté avec l'Inspection
cantonale des finances et avoir entendu des avis de droit
divergents sur la question», a encore indiqué le recteur
genevois.
Selon M. Hurst, les irrégularités ont été relevées sur l'exercice
2003/2004. La fiduciaire genevoise chargée de l'enquête a passé au
crible quelque 6000 notes de frais, «soit 25 % des demandes de
remboursements déposées, dont le montant total équivaut à 10
millions de francs par an». Les abus portent sur «quelques
centaines de francs, une proportion infime d'un budget annuel de
650 millions de francs».
Frais somptuaires
Les débordements ont concerné également des frais de repas et
des frais de réception, pour certains au-dessus de 10'000 francs.
«C'est bien au-delà des normes de remboursement de l'Université», a
admis André Hurst. Depuis le début de l'année universitaire en
cours, les frais ont été recentralisés dans un service
unique.
Le rapport a également été transmis au Grand Conseil. La
commission des finances et la commission de contrôle de gestion du
Grand Conseil devront apporter leurs conclusions avant l'été.
Dans le cadre d'un «contrôle continu» de ses activités,
l'Université de Genève a demandé des enquêtes sur la commande
d'appareillages scientifiques ou encore les contrats de travail du
personnel intermédiaire. «Notre intention est là aussi de faire le
ménage, si nécessaire» a conclu le recteur.
ats/dk
L'Université de Genève en chiffres
L'Université de Genève est la deuxième plus grande de Suisse en termes de nombre d'étudiants.
En 2004/2005, l'institution genevoise accueillait 14'685 étudiants, dont 5559 étrangers.
L'effectif total du personnel académique se monte à 3294 personnes, dont 750 professeurs.
Celui du personnel administratif et technique s'élève à 1812 personnes.
La réaction de Charles Beer
«Ce qui me paraît important, c'est que l'Université ait pris les devants d'un contrôle interne. En revanche, ces pratiques sont tout à fait inacceptables», a pour sa part indiqué Charles Beer, en charge du Département de l'instruction publique.
«L'Université a agi en trois temps, en signalant au procureur général un dossier choquant, en poursuivant son contrôle sur d'autres dossiers, et en modifiant ses règles». Pour toutes ces actions, elle mérite, selon Charles Beer, «plutôt des louanges».