Entre 22h33 mardi soir et 00h10 mercredi, les clients de Swisscom n'ont eu accès ni à la téléphonie fixe et mobile 4G ni à internet. L'application Alertswiss ne fonctionnait pas non plus. Seuls les mobiles utilisant la 2G et la 3G sont restés opérationnels.
De nombreuses polices et services médicaux d'urgence ont annoncé sur Twitter que les numéros d'urgence 117, 112, 144 et 118 n'étaient plus atteignables, et invité le public à se reporter sur des numéros mobiles des services concernés.
Dans l'émission Forum, André Duvillard, délégué du Réseau national de sécurité, souligne qu'un tel incident met en évidence la vulnérabilité des systèmes d'information. "Aujourd'hui, on est assez vite mis en défaut si on a un problème", insiste-t-il.
"On doit être capables, au niveau des services de secours, (...) d'avoir une redondance dans les communications. Il n'est pas du tout admissible que nous ayons une panne, parce dans ce genre de circonstances, des vies sont en danger."
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Le conseiller d'Etat fribourgeois Maurice Ropraz en charge de la justice et de la sécurité déplore ce nouvel incident: "Ces ruptures de réseau Swisscom créent de lourds désagréments, des problèmes pour la population, pour les entreprises, et c'est un gros souci pour les responsables de la sécurité."
Rappelant la situation de "monopole" dont dispose Swisscom dans la gestion des réseaux de sécurité et qui est stipulée dans sa concession, Maurice Ropraz ne mâche pas ses mots: "Swisscom n'a pas été à la hauteur, et je crois qu'elle en est consciente."
"Erreurs humaines"
Mercredi en milieu de journée, Swisscom a attribué le dérangement "à des travaux de maintenance planifiés pour l'élargissement de la capacité du réseau, lors desquels plusieurs erreurs humaines ont été commises". Les travaux ont alors été interrompus et inversés afin de rétablir tous les services touchés.
L'entreprise étant elle-même affectée par la panne, il a été difficile de convoquer les spécialistes nécessaires, ce qui a retardé la résolution du problème, précise-t-elle.
En Suisse romande, les cantons de Genève, Vaud, Fribourg, du Jura et de Neuchâtel ont été touchés. En Valais, la police cantonale, citée par le Nouvelliste, a indiqué que la panne n'avait pas eu d'impact, la police disposant d'un système technique de secours. Dans le reste de la Suisse, Berne, Zurich, Thurgovie, Argovie, les deux Bâle, Saint-Gall, Nidwald, le Tessin et les Grisons ont notamment signalé le dérangement.
A l'instar de la police zurichoise, la police vaudoise a précisé une fois le dérangement terminé que les numéros alternatifs proposés n'avaient pas été utilisés. La police bernoise a elle indiqué avoir été présente à l'extérieur de manière renforcée.
Enquête ouverte
Un composant défectueux avait déjà provoqué une panne du réseau le 17 janvier dernier. Le dérangement avait touché le réseau fixe de l'opérateur. Il avait pu être surmonté grâce au redémarrage du réseau.
Swisscom étant tenu d'assurer l'accès aux numéros d'urgence par la loi sur les télécommunications, l'Office fédéral de la communication (OFCOM) a annoncé mercredi "un examen approfondi des causes" de la panne. Il ne dispose pas à ce stade d'un rapport détaillé à ce sujet et n'est donc pas encore en mesure de s'exprimer, a-t-il indiqué à Keystone-ATS.
S'il devait constater des infractions à la législation, l'OFCOM pourrait exiger de Swisscom des mesures pour que cela ne se reproduise pas. Il pourrait aussi assortir la concession de conditions et même limiter, suspendre, révoquer ou retirer cette dernière au pire des cas.
ats/ebz
Les services de secours veulent pouvoir être atteints
Polices, sapeurs-pompiers et services d'urgence disposent certes de leurs propres canaux de communication internes, comme des fréquences radio et Pager. Mais le problème, en cas de panne générale de réseau, est pour eux de pouvoir être atteints par la population.
La Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police s'est aussi dite préoccupée. "C'est inquiétant pour la population quand les numéros d'urgence ne sont pas atteignables durant un certain temps", a souligné son président, Urs Hofmann. La conférence va examiner les incidents survenus, y compris directement avec Swisscom.
L'entreprise de télécommunications a annoncé de son côté qu'elle allait examiner d'autres possibilités d'accès avec les numéros d'urgence concernés, par exemple par téléphone mobile. La Fédération suisse des sapeurs-pompiers a elle fait part de ses besoins aux instances concernées et se dit confiante.