La troupe doit être dotée de moyens modernes pour répondre à ses
missions. Même si la réorientation d'Armée XXI privilégie les
engagements subsidiaires et de sûreté sectorielle à la défense
militaire au sens étroit du terme, un «noyau» complet doit être
assuré pour répondre à une attaque conventionnelle, souligne le
gouvernement dans le programme présenté jeudi à la presse.
Chars de génie, le retour
Dans cette optique, le Conseil fédéral estime que l'achat de
chars de génie et de déminage reste nécessaire et que les douze
exemplaires demandés sont «le strict minimum».
Les formations mécanisées sont indispensables pour mener des
opérations de combat terrestres et elles ont besoin de chars visant
à garantir leur mobilité et à réduire celle de l'adversaire. Il
s'agit en outre d'assurer l'instruction, ajoute le gouvernement en
notant que les chars de génie pourront au besoin apporter un
soutien aux autorités civiles, lors d'inondations, de glissements
de terrain ou de tremblement de terre.
424 millions pour un système d'information
Le Parlement avait refusé cet achat dans le cadre du programme
2004. Depuis, la facture a augmenté de dix millions, à 139
millions.
Le plus gros poste (424 millions) du programme 2006 est
l'acquisition d'un système de conduite et d'information des Forces
terrestres. Composé d'un grand nombre d'ordinateurs reliés par des
réseaux militaires, il pourra également servir lors d'engagements
subsidiaires.
Le gouvernement réclame 395 millions pour moderniser 134 chars
Léopard, introduits entre 1987 et 1993 et qui ont atteint
aujourd'hui la moitié de leur durée d'utilisation prévue. Quinze
hélicoptères Super Puma devront aussi subir des adaptations
techniques (cockpit moderne, systèmes de sécurité) pour pouvoir
rester en service pendant au moins 15 ans. Coût de l'opération: 194
millions.
Moderniser les chasseurs de chars
Le Conseil fédéral veut également doter, pour 126 millions, 160
chasseurs de chars Piranha d'outils informatiques et d'un armement
garantissant leur autoprotection. Il s'agit d'en faire des
véhicules de commandement, vu que le parc actuel ne permet que de
couvrir un quart des besoins.
Pour 115 millions, l'armée devrait obtenir six avions à réaction
Pilatus (PC-21). Cette acquisition vise à combler la lacune
qu'entraînera pour l'instruction des pilotes le retrait planifié
des engins F-5. Enfin, le gouvernement souhaite acheter quatre
simulateurs de vol F/A-18 pour 69 millions et une nouvelle
installation d'instruction au tir Leopard pour 39 millions.
Ats/ruc
Les réactions
Le programme d'armement 2006 a reçu le soutien des partis bourgeois alors que la gauche et les Verts n'ont pas manqué de le critiquer sévèrement.
L'UDC estime que ce programme est justifié. Elle se réjouit qu'il ne contienne aucun objet lié à des interven tions de l'armée à l'étranger, comme l'avion gros porteur controversé dans le programme 2004. Le PRD et le PDC parlent aussi de dépenses nécessaires.
Le PS et les Verts sont d'un tout autre avis. Ils jugent qu'il est absurde "de faire la chasse aux terroristes avec des chars". Pour eux, l'armée suisse continue d'être surdimensionnée.
L'armée réorganisée
Dans le but d'optimiser les engagements de l'armée, le Conseil fédéral demande au Parlement de procéder à une adaptation de l'organisation de l'armée.
Le nombre d'états-majors de brigade passera de neuf à huit dès le 1er janvier 2008.
Il est prévu de constituer quatre nouveaux bataillons d'infanterie et deux nouveaux bataillons d'aide en cas de catastrophe.
Cette réorganisation est rendue nécessaire par les changements de priorité concernant les engagements de l'armée.
Le Conseil fédéral a décidé le 11 mai dernier que les engagements de sûreté devront prendre de l'ampleur au détriment des moyens attribués à la défense au sens propre du terme.
Progressivement, les chars, l'artillerie et la défense anti-aérienne céderont le pas à l'infanterie et à l'aide au commandement.