Sous-diagnostiqué et peu traité, le burn-out parental se manifeste par un épuisement moral et une fatigue physique qui durent.
Selon la psychologue Sandra Bon, interrogé lundi dans le 19h30, "il est très difficile d'admettre que cet enfant qu'on a beaucoup souhaité, désiré, attendu, ne nous apporte pas le bonheur que l'on souhaitait, qu'on espérait donc. Il y a un tabou, il y a une honte au-delà de la culpabilité de vivre cette expérience-là."
Dépasser la culpabilité
Il existe depuis peu des ateliers de prévention à Neuchâtel, qui visent à libérer la parole des parents. Mère de deux enfants, Elodie y participe une fois par semaine. "Je pense que le regard actuel de la société fait effectivement qu'on est pointé du doigt (...) si on n'arrive pas à gérer maison, travail, famille", déplore-t-elle.
Cette enseignante, qui travaille à 60%, a revu son idéal de maman parfaite et souhaite maintenant être "une maman heureuse et épanouie". Et pour Sandra Bon, il est effectivement important de prendre soin de soi, car prendre soin de soi, c'est aussi prendre soin des enfants. "Et là tout le monde est gagnant."
Trois indicateurs du phénomène
Le docteur Michel Bader, psychiatre à l'Université de Lausanne et au CHUV, cite trois facteurs qui sont des indications de burn-out parental: un épuisement physique, émotionnel et psychique lié à la parentalité; une distanciation affective avec les enfants; et une perte d'efficacité et d'épanouissement parental. "Deux de ces trois facteurs sont suffisants, lorsqu'ils sont marqués, pour parler de burn-out parental", précise-t-il.
La Suisse dans le top 10
Une récente étude internationale menée sur 40 pays répartis à travers le monde (Consortium IIPB – Sondage 2018-2019) montre que la Suisse fait partie du top 10 des pays les plus touchés par le burn-out parental.
Fanny Moille/Margot Delévaux