Selon lui, une enquête statistique peut valablement comparer la
dangerosité de différentes races. Il appartient ensuite aux
citoyens et politiciens d'en tirer la bonne conclusion.
Le danger demeure
Selon le criminologue lausannois, «la grande majorité des gens
restent silencieux à ce sujet et laissent le champ libre aux
lobbies très organisés».
«Un chien dangereux le restera toujours, même si son maître est
parfait», ajoute Martin Killias. Quand on constate qu'un certain
nombre de races sont impliquées de manière disproportionnée dans
des accidents, on doit se poser la question de savoir s'il est
raisonnable de tolérer ce genre de risques.
Des chiens pour intimider
Pour le professeur à l'Université de Lausanne, il est sûr que la
fonction du chien a changé. «En clair: on voit apparaître des
chiens sur les trottoirs avec pour principale fonction de semer la
peur autour d'eux». Et contraindre des animaux à porter une
muselière en société, c'est montrer que l'on tolère ceux qui n'ont
rien à y faire.
Martin Killias critique l'immobilisme des autorités. «Il y a six
ans, nous avions proposé à l'Office vétérinaire fédéral une enquête
sur les chiens. On nous a alors répondu que ce n'était pas une
priorité...»
ats/cab
Interdiction pas enterrée
L'interdiction générale des pitbulls en Suisse reste d'actualité.
La Commission de la science du Conseil national a approuvé le 28 avril une initiative parlementaire de Pierre Kohler (PDC/JU) en ce sens.
La commission entend lancer un «signal clair» en faveur d'une action plus déterminée de la Confédération.
La proposition ne pourra cependant être concrétisée au niveau législatif que lorsque la commission des Etats aura elle aussi donné son feu vert.
Le CF n'a pas voulu légiférer
A la mi-janvier, les services de Joseph Deiss avaient proposé l'interdiction des pitbulls suite au drame d'Oberglatt (ZH) qui avait coûté la vie début décembre 2005 à un enfant de six ans.
L'Office vétérinaire fédéral proposait également que des autorisations soient nécessaires pour la détention de 13 autres races.
Mais début mars, Joseph Deiss avait dû faire marche arrière devant l'hostilité d'une majorité du Conseil fédéral, emmenée par Christoph Blocher.
Peu après, la Chambre du peuple avait exigé du gouvernement la mise en place d'un dispositif pour les chiens dangereux sur le plan fédéral.
Le 12 avril, le Conseil fédéral s'est finalement contenté de fixer un dispositif laissant une grande marge de manoeuvre aux cantons.