Modifié

PDC : oui aux lois sur l'asile et les étrangers

Le conseiller national Christophe Darbellay pendant la conférence de presse
Le conseiller national Christophe Darbellay pendant la conférence de presse
Après un hommage à Joseph Deiss, les délégués du PDC réunis samedi à Coire se sont déclarés favorables au durcissement des lois sur l'asile et les étrangers. Confirmation de leur opposition à la vente de Swisscom.

Les délégués du PDC suisse ont décidé de soutenir les nouvelles
lois fédérales sur l'asile et les étrangers. Ils ont suivi à une
nette majorité la direction de leur parti, qui estime qu'un
durcissement est nécessaire.



La loi sur l'asile a été acceptée par 151 délégués contre 45.
Celle sur les étrangers par 153 contre 37. Les deux lois seront
soumises au peuple le 24 septembre prochain, car la gauche a déposé
des référendums.

Instruments contre les abus

Durant un court débat peu suivi par l'assemblée, les délégués
ont surtout discuté de la loi sur l'asile. La majorité a estimé
qu'elle permettra de résoudre le problème principal: l'exécution
des décisions de renvoi des requérants.



Selon plusieurs orateurs, la loi donnera aux cantons les
instruments nécessaires pour renvoyer les requérants qui ne
présentent pas de papiers d'identité. Ceux qui ont vraiment besoin
de protection continueront à être accueillis en Suisse, ont-ils
dit.

Romands battus

Les représentants de l'aile gauche du parti et les PDC romands
ont lutté en vain contre les deux lois. Une représentante du Parti
chrétien-social (PCS) a indiqué que les mesures de lutte contre les
abus inscrites dans la loi actuelle sont suffisantes: «Preuve en
est le recul des demandes d'asile durant les dernières années»,
selon elle.



Les représentants genevois et vaudois ont rappelé que leurs
sections s'opposent aux deux lois. Evoquant l'engagement des
Eglises contre ces lois, il ont appelé le PDC suisse à se souvenir
de ses valeurs chrétiennes et de la longue tradition humanitaire du
pays, qui sera remise en question si elles sont acceptées.

Suppression de l'aide sociale

La nouvelle loin permettra notamment de punir, jusqu'à cinq ans
de prison, les prêtres qui hébergeraient des requérants devant être
expulsés, a noté l'ex-conseiller national Jacques Neyrinck. Et le
professeur vaudois d'ajouter que ces lois s'opposent aux principes
du PDC, notamment en matière de regroupement familial.



La loi sur l'asile prévoit notamment de supprimer l'aide sociale
pour les requérants qui n'ont pas obtenu le statut de réfugiés. La
durée maximale des mesures de contraintes sera doublée. La Suisse
refusera en principe d'entrer en matière sur les demandes d'asile
déposées par des personnes ne disposant pas de pièces
d'identité.

Résolution sur Swisscom

Quant à la loi sur les étrangers, elle limite l'immigration
extra-communautaire aux seuls travailleurs qualifiés. L'octroi
automatique d'un permis d'établissement après dix ans passés en
Suisse a été supprimé. Les conditions du regroupement familial ont
été rendues plus sévères.



En prévision du prochain débat sur Swisscom au Parlement, les
délégués ont également entériné à une écrasante majorité une
résolution qui exige que la Confédération renonce à vendre
Swisscom. Le PDC craint notamment que la société soit rachetée par
des étrangers et que la desserte de base ne soit plus garantie dans
tout le pays.



Selon le PDC, le Conseil fédéral doit élaborer une nouvelle
stratégie pour l'avenir de l'entreprise. Celle-ci doit permettre à
Swisscom de s'engager à l'étranger et limiter au maximum la perte
de contrôle de la Confédération sur les infrastructures fixes. Pour
ce faire, cette dernière devrait garder «au moins 51% des
actions».

Le plaidoyer de Doris Leuthard

En ouverture de l'assemblée, la présidente du PDC et conseillère
nationale Doris Leuthard a plaidé en faveur d'une Suisse qui a des
idées et une force de rayonnement. Elle a dénoncé «la Berne
fédérale qui ne regarde pas plus loin que le bout de son nez»,
notamment par des «discussions interminables autour de quelques
pour mille, d'une virgule ou d'un point virgule».

Elle a donné les Grisons comme exemple d'audace, avec la vision
«courageuse» de la «Porta alpina» qui doit ouvrir de nouvelles
perspectives à une région.



Pour la présidente du PDC, la Berne fédérale n'offre guère de
contenu constructif et «aucune vision pour notre pays». Avec la
polarisation qui s'accentue, «la concurrence entre les partis a
pris des tournures grotesques». Les «pères et mères de la patrie»
qui étaient autrefois au-dessus de la mêlée, selon Doris Leuthard,
«s'immiscent dans les tiraillements entre partis ou entre
personnes».

Vers l'avenir

La Suisse "a besoin de personnes ayant une approche libérale et
sociale, qui attachent de l'importance aux valeurs telles que la
liberté et la solidarité et qui s'engagent pour qu'un système
économique libéral aille toujours de pair avec la responsabilité et
la justice sociale", a lancé Doris Leuthard.



Citant les problèmes majeurs auxquels il faudra trouver des
réponses, la présidente du PDC a notamment évoqué la dépendance de
la Suisse au pétrole et la politique énergétique à long terme, la
mobilité et les moyens de transport, l'adéquation du système de
formation, le rôle de la Suisse en Europe, l'importance à accorder
à la famille et l'organisation du système de santé en Suisse.

«En travers de la gorge»

La prochaine assemblée étant prévue pour début septembre, les
délégués ont réservé une standing ovation à leur unique
représentant au gouvernement, qui a surpris son parti en annonçant
sa démission. Une annonce qui «est restée en travers de la gorge»
de Doris Leuthard, qui a précisé qu'elle «respectait cette
décision. Il nous faut maintenant nous asseoir et la laisser agir
sur nous».



ats/ruc

Publié Modifié

Doris Leuthard se laisse du temps

Doris Leuthard n'a pas encore décidé si elle sera candidate à la succession de Joseph Deiss. «Je ne pense pas que je me laisserai influencer. Je ne vais pas lire les journaux», a-t-elle déclaré samedi matin non sans un sourire à la Radio Suisse romande.

«Je vais avoir mes sentiments sur ce que j'aimerais pour le parti, pour le pays et pour le Conseil fédéral», a-t-elle ajouté. «C'est une question très personnelle et je réfléchirai aux avantages et désavantages, ainsi qu'aux conséquences sur ma vie privée», a précisé la présidente du Parti démocrate-chrétien (PDC) et conseillère nationale argovienne.

Vendredi, Doris Leuthard a dit qu'elle ne commençait à réfléchir que maintenant à son éventuelle candidature au Conseil fédéral. Depuis l'annonce du retrait de M. Deiss, elle n'a pas encore pu le faire. «J'ai dû remplir mes fonctions et organiser», a-t-elle expliqué.

J.Deiss: «je pars serein»

Joseph Deiss quitte le Conseil fédéral «serein et sans amertume. Ma décision a été difficile à prendre, c'est pourquoi il fallait la prendre seul», a-t-il déclaré samedi devant les délégués du Parti démocrate-chrétien réunis samedi à Coire.

«Je suis heureux de partir à un moment où l'économie va mieux et où mes relations avec le parti sont bonnes», a-t-il ajouté. Le conseiller fédéral a reconnu que le climat politique actuel et les tensions au sein du Conseil fédéral «ont joué un rôle en arrière-fond» dans sa décision.

Dans un discours de bilan qui a duré une demi-heure, le conseiller fédéral sortant a critiqué le fonctionnement actuel du gouvernement, «qui ne correspond pas à ses idées». Selon lui, les ministres devraient travailler ensemble, se faire confiance et s'entraider.