L'enveloppe globale prévue est de 11,25 milliards, soit un peu plus que les 11,11 milliards adoptés définitivement pour la période 2017-2020. Le gouvernement avait mis en consultation 11,37 milliards, mais il l'a corrigé à la baisse en raison d'une correction du renchérissement.
Le montant proposé au Parlement devrait permettre à la Suisse de consacrer 0,46% de sa production économique (revenu national brut) à l'aide au développement. Le projet rate ainsi toujours l'objectif du Parlement fixé à 0,5% et celui de 0,7% fixé par l'ONU pour la communauté internationale. Le pourcentage qui sera atteint avec les ressources prévues est "très volatil", a relevé devant la presse le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis. Selon son rapport, le Conseil fédéral n'a pas voulu se montrer plus généreux afin de respecter le plan financier actuel de la Confédération.
La réduction de la pauvreté et le développement durable restent "la raison d'être" de la coopération internationale helvétique, a-t-il jugé bon de préciser après la consultation. Malgré les progrès considérables de l'humanité ces dernières décennies, une personne sur dix est toujours touchée par la pauvreté extrême, et c'est en Afrique que le retard à combler sera le plus important à l'avenir.
Quatre régions prioritaires
La collaboration au développement se taille la part du lion avec une enveloppe de 6,64 milliards. Pour gagner en efficacité, son volet bilatéral sera recentré sur quatre régions prioritaires au lieu de six: l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l'Afrique subsaharienne, l'Asie (Asie centrale, du Sud et du Sud-Est) et l'Europe de l'Est. Le Proche-Orient est nouvellement associé au Moyen-Orient.
L'Amérique latine ne sera plus prioritaire et le Conseil fédéral n'est pas revenu en arrière sur ce point malgré les critiques essuyées en consultation. Le Département des affaires étrangères se désengagera progressivement de la région d'ici à fin 2024 afin de libérer des ressources et d'augmenter l'impact du soutien aux quatre régions prioritaires.
Conséquence, le nombre de pays prioritaires de la Direction du développement et la coopération (DDC, bras humanitaire du DFAE) passera de 46 à 35. Exit ainsi Bolivie, Cuba, Haïti, Honduras, Nicaragua, Azerbaïdjan, Mongolie, Pakistan, Eswatini (Swaziland), Lesotho et Malawi. La Zambie a été repêchée après la consultation.
Selon les intérêts suisses
L'aide humanitaire (2,15 milliards) continuera toutefois à être accordée à tout pays touché par une catastrophe naturelle, une crise humanitaire ou une urgence sanitaire. Le Département de l'économie poursuivra également sa coopération économique au développement (1,19 milliard) dans treize pays partenaires des quatre régions prioritaires mais aussi d'Amérique latine (Colombie, Pérou).
La coopération et l'aide au développement tiendront par ailleurs mieux compte des intérêts helvétiques, notamment en matière de politique migratoire. Cette dernière question sera plus systématiquement inclue dans la conclusion d'accords de coopération même si de tels partenariats ne seront pas une condition absolue à l'octroi de l'aide.
Un accent plus marqué sera mis sur la croissance économique et le potentiel du secteur privé. La nouvelle stratégie se concentrera encore sur la création d'emplois décents sur place, la réduction des causes de la migration irrégulière et la promotion de l'Etat de droit. La Suisse s'engagera donc pour un multilatéralisme fort et une gestion plus efficace des organisations multilatérales.
ats/jfe
Lutter contre le réchauffement climatique
L'atténuation des changements climatiques est une autre priorité thématique. La consultation a montré qu'il fallait plus d'argent pour y faire face. L'enveloppe initialement prévue de 350 millions a donc été augmentée à environ 400 millions de francs.
L'aide devrait par ailleurs être plus efficace grâce à l'utilisation des innovations et des technologies numériques. La nouvelle orientation doit permettre de réagir avec une plus grande souplesse aux crises et aux opportunités. Le Parlement jugera.