Il a estimé qu'il fallait rendre une sentence exemplaire et ne
retenir aucune circonstance atténuante. L'accident remonte à la
nuit du 18 décembre 2004. Sur la route de Crans-près-Céligny (VD) à
Eysins, le conducteur avait perdu la maîtrise de son véhicule. Son
neveu de 13 ans est décédé sur le coup lorsque la voiture s'est
encastrée dans un pylône, le conducteur et son fils étant
blessés.
Soif de vitesse dénoncée
Ce «fanfaron de la route» n'a exprimé aucun repentir sincère, a
souligné Eric Cottier devant le Tribunal correctionnel de Nyon. Il
est dévoré par «sa soif de vitesse» et a voulu «épater les mômes»
en frimant au volant de son bolide. «Sa culpabilité est extrêmement
lourde», a-t-il insisté.
Pour l'avocat du père de la victime, Me Jacques Barillon, l'accusé
est incontestablement «un fou de la route» qui a commis «un acte
gratuit». Face à un tel personnage qui sacrifie «tout et tous» à la
voiture, la justice doit rendre «un jugement exemplaire» et retenir
la charge de meurtre par dol éventuel.
Voulant également marquer le coup, le procureur général a retenu
cette thèse et écarté l'homicide par négligence. Pour Eric Cottier,
l'accusé s'est bien accommodé des conséquences catastrophiques qui
pouvaient découler de son comportement «aberrant» sur la route. «Il
nous faut franchir le pas», ne pas se contenter de l'homicide et
infliger une peine de 6 ans de réclusion à cet homme, malgré les
avis positifs à son égard de la plupart des gens qui le
connaissent.
Verdict jeudi
Pour l'avocat de l'accusé, Me Rémi Bonnard, la justice doit au
contraire rester «sage» et «mesurée». Le meurtre par dol éventuel
ne peut pas être retenu à moins de considérer que le Philippin ait
envisagé sans autre sa propre mort, celle de son fils et de son
neveu, et s'en soit accommodé. «Purement inconcevable», à ses
yeux.
L'avocat a dénoncé une instruction menée uniquement à charge, a
critiqué les commentaires faits sur cette famille «très modeste»
qui n'aurait pas eu le bon comportement après le drame. En
rappelant qu'il y avait un «petit survivant» au tragique accident,
Me Rémi Bonnard a suggéré une peine privative de liberté en milieu
ouvert. Le verdict sera rendu jeudi après-midi.
Le président de la Cour, Pierre Bruttin, n'a de son côté pas
hésité à qualifier de «danger public» le chauffard qui ne se
souvient guère des circonstances du drame. Au lieu de 80 km/h
autorisés à cet endroit, le bolide, que l'accusé avait modifié
lui-même, aurait atteint entre 120 et 140 km/h, selon
l'expert.
ats/hof
Des avis divergents sur le chauffard
Deux ans après les faits, la personnalité de l'accusé qui travaille dans un garage est au centre des questions du Tribunal d'arrondissement.
«Danger public», selon Cour, «chic type» pour un collègue de travail, l'accusé n'a jamais été condamné pour excès de vitesse.
Il reconnaît cependant qu'il «roule parfois sportif» et aime bien les belles voitures améliorées.
Le conducteur est accusé principalement de meurtre et d'homicide par négligence.
Il dit ne pas se souvenir de sa vitesse le soir de la tragédie, mais avoue que les voitures sont une passion qui engloutissait tout son argent.
Précédents jugements
Le Tribunal correctionnel du Val-de-Travers (NE) a condamné en mai un chauffard à une peine de deux ans de prison ferme. Celui-ci avait provoqué la mort de deux passagers à bord de son véhicule, lors d'un accident dû à un excès de vitesse (voir archives ci-dessous).
Un chauffard impliqué dans une course poursuite à l'issue fatale pour son passager a été condamné à une peine de cinq ans et trois mois de réclusion. Le Tribunal fédéral avait confirmé la peine en avril. L'accident (lire nouvelle ci-dessous) avait eu lieu près de Winthertour en 2000.