Le Convair Coronado du vol SR 330 Zurich - Tel-Aviv avait décollé de Zurich à 13h14. Dix-neuf minutes plus tard, alors que l'avion se trouvait à 4500 mètres au-dessus du lac des Quatre-Cantons, le commandant de bord avait annoncé qu'il faisait demi-tour en raison d'une explosion dans la soute.
Gêné par la fumée, l'équipage n'arrivait plus à lire les instruments de bord et le système de navigation était hors service. L'avion s'était écrasé dans une forêt près de Würenlingen, non loin de la centrale nucléaire de Beznau, explosant en touchant le sol.
"Goodbye everybody"
Juste avant le crash, le commandant de bord avait encore envoyé un dernier message radio: "330 is crashing. Goodbye everybody. Goodbye everybody". Les 38 passagers et les 9 membres d'équipage, parmi lesquels 9 Suisses et 15 Israéliens, avaient péri.
La bombe postée à Munich se trouvait dans un paquet qui devait être envoyé par avion à Tel-Aviv. L'appareil de Swissair avait décollé de Munich pour rejoindre l'aéroport de Zurich où il avait atterri à 11h00. Les explosifs étaient reliés à un altimètre afin que la bombe se déclenche une fois que l'avion avait atteint une certaine altitude.
Un mémorial érigé à la mémoire des victimes à Würenlingen rappelle cette tragédie. Une cérémonie est prévue sur place vendredi, 50 ans jour pour jour après l'attentat.
Auteurs présumés jamais jugés
On ne saura jamais vraiment toute la vérité sur l'attentat contre cet appareil de Swissair, qui - selon certains médias de l'époque - aurait été revendiqué par le Front populaire de libération de la Palestine - Commandement général (FPLP-CG), faction dissidente du FPLP de George Habache dirigée par Ahmed Jibril. Bien qu'identifiés par la police fédérale, deux auteurs présumés, des Palestiniens, n'ont pas été arrêtés et donc jamais jugés.
En août 2018, le Ministère public de la Confédération a annoncé qu'il ne rouvrirait pas l'enquête sur cette attaque terroriste, malgré de nouvelles informations (lire encadré): la procédure pénale est prescrite et ne peut pas être reprise.
ats/oang
Un mystérieux document du FBI
Le MPC avait envisagé de rouvrir l'enquête après avoir pris connaissance d'un document du FBI disponible sur internet et datant de juin 1970.
Se basant sur des sources inconnues, le document mentionnait une possible participation de deux personnes originaires d'Allemagne de l'Ouest.
Après examen, le MPC a conclu que ce document ne remplissait pas les conditions légales pour une reprise de la procédure pénale ou pour l'ouverture d'une procédure pénale contre les deux Allemands. La procédure pénale avait été classée en novembre 2000.
Aucune trace d'un accord secret
Le crash de Würenlingen a aussi fait couler beaucoup d'encre en 2016 après la publication du livre "Schweizer Terrorjahre" du journaliste de la NZZ Marcel Gyr.
Ce dernier avance que le ministre des Affaires étrangères de l'époque, le socialiste Pierre Graber, aurait passé un accord secret avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Cet accord aurait eu pour objectif de mettre fin aux attaques ayant visé la Suisse en 1969 et 1970. Un groupe de travail nommé par le Conseil fédéral et l'autorité de surveillance du MPC a mené une enquête. Il n'a trouvé aucune trace d'un tel accord.