«Nous devons redécouvrir la discipline, la justice et l'ordre»,
a déclaré le conseiller spécial de l'ONU pour le sport dans les
colonnes de la «Südostschweiz am Sonntag».
«La Suisse a perdu son innocence» avec les graves échauffourées
du week-end dernier, estime l'ancien ministre des sports, âgé de 64
ans.
Après le match de qualification à la Coupe du Monde à Istanbul,
on a montré la Turquie du doigt. «Nous savons maintenant que nous
ne valons pas mieux qu'eux», a-t-il ajouté. Selon lui, il faut
surtout accroître la sévérité des sanctions, les hooligans étant
traités avec «beaucoup trop de délicatesse».
Image écornée
La société est de moins en moins prête à suivre les règles
élémentaires, sans parler de nouvelles mesures, a regretté l'ancien
conseiller fédéral. La protection des données est si développée que
les clubs ne peuvent même plus échanger d'informations personnelles
sur les hooligans.
Or les violences à Bâle font une énorme tort à l'image de la
Suisse et du football. La capacité de la Suisse à organiser des
championnats d'Europe de football est désormais mise en doute,
rappelle le Bernois.
Le chef de l'Euro 2008 Martin Kallen ne veut pas assister à des
scènes de violences comme celles du week-end passé à Bâle. Il veut
maintenir les hooligans à l'écart en instaurant trois périmètres de
sécurité à l'entrée des stades où se joueront les matches de
football.
Contrôles en série
Une première rangée de grillages, à 300 mètres des enceintes
sportives, empêcherait les personnes sans billets de pénétrer dans
la zone sécurisée, explique le dirigeant dans un entretien accordé
à la «SonntagsZeitung». Une deuxième grille servirait à fouiller
les spectateurs. La troisième permettrait de trier les vrais des
faux billets.
Cela n'exclut pas d'autres contrôles en amont, relève M. Kallen.
La ventes des billets dans les 16 pays participants doit permettre
de collecter des informations sur les acquéreurs, qui seront
ensuite ajoutée à la base de données de la centrale de sécurité de
l'Euro à Berne. Cette mesure devrait permettre d'empêcher les
hooligans potentiels d'accéder au stade.
Selon M. Kallen, des discussions sont en cours avec la
Confédération pour lever l'interdiction des vols de nuits. Le but
est d'inciter les spectateurs étrangers à quitter le plus
rapidement possible le pays à l'issue des matches, et d'ainsi
soulager la police.
Le dirigeant est en revanche opposé à l'installation de grilles
autour du terrain. Ce genre de dispositif excite les têtes brûlées
et empêchent en cas d'urgence l'évacuation des spectateurs par le
terrain. En revanche, M. Kallen veut augmenter l'effectif du
personnel de sécurité dans les stades jusqu'à 1000 par
matches.
ats/kot
Le sport et la violence
Les violences à l'issue du match Bâle-Zurich de samedi sont décrites comme les pires jamais survenues en Suisse à l'issue d'une rencontre sportive. Il y a néanmoins eu quelques tristes précédents:
26 septembre 2004: affrontement de supporters avant et après la rencontre de football Aarau-Bâle. Bilan: trois policiers blessés.
17 août 2002: bagarres après le match de football Bâle-Lucerne. Seize policiers et une personne âgée blessés. Les hooligans endommagent aussi des voitures et brûlent un kiosque.
7 avril 2001: Zurich devient champion suisse de hockey sur glace à Lugano, en l'absence de ses supporters, interdits de patinoire. Les fans de l'équipe tessinoise jettent divers objets sur la glace, s'en prennent aux joueurs zurichois et blessent une personne.
Surveillance biométrique exigée
Après les débordements de supporters à Bâle, les directeurs cantonaux de justice et police veulent une surveillance biométrique dans les stades.
Les milieux sportifs attendent surtout que la loi anti-hooligans entre en vigueur rapidement.
La Swiss Football League (SFL) ne veut pas d'un «Big Brother is watching you» dans les stades, a-t-elle de son côté.
Cette déclaration provoque l'incompréhension de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP).