L'initiative de l'UDC et de l'Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) est une "attaque contre tous les gens qui travaillent", a déclaré le président de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard. Celle-ci vise selon lui à "substituer aux conventions collectives et au contrôle des salaires une concurrence acharnée de tous contre tous".
"Il faut prendre au sérieux cette initiative. Pour une fois, les initiants ont vraiment affiché la couleur en se plaignant que le nombre de personnes affiliées à une convention collective de travail a augmenté, passant de 1,4 million à 2 millions. Alors que nous considérons ces chiffres comme une bonne nouvelle, ils parlent de catastrophe. C'est une agression caractérisée contre les conquêtes du monde du travail et des syndicats", a relevé Pierre-Yves Maillard dans Forum.
Présidente d'Unia, Vania Alleva met également en garde contre l'initiative: les conventions collectives de travail et les salaires minimums ne pourraient plus être contrôlés et imposés comme jusqu'ici. Cela signerait l'arrêt de mort du principe "des salaires suisses pour tout travail réalisé en Suisse".
Un "progrès"
L'entrée en vigueur des accords bilatéraux a été l'occasion de progrès substantiels, relèvent Travail.Suisse et l'USS. Grâce aux mesures d'accompagnement, les salaires et les conditions de travail sont contrôlés de manière systématique par les partenaires sociaux.
Les abus peuvent ainsi être détectés et sanctionnés et les salaires insuffisants sont corrigés à la hausse. Des salaires minimaux peuvent aussi être introduits dans les branches où les rémunérations se retrouvent sous pression.
Par ailleurs, les conventions collectives sont plus nombreuses, ce qui améliore la protection contre la sous-enchère et les abus, estiment les syndicats. Une acceptation de l'initiative mettrait en danger le dispositif de protection des salaires dont nous disposons, "le plus important et efficace de toute l'Europe".
Relations bilatérales en danger
Un "oui" le 17 mai prochain au texte de l'UDC et de l'ASIN mettrait fin aux relations bilatérales avec l'Union européenne, le plus important partenaire commercial de la Suisse, estiment Travail.Suisse et l'USS. Ces relations assurent pourtant des débouchés aux produits et services helvétiques de haute qualité.
"Il en serait aussi fini de notre intégration dans d'importants programmes internationaux, par exemple dans la formation ou la recherche", relèvent encore les syndicats.
Pour le président de Travail.Suisse Adrian Wüthrich, il serait donc plus juste de parler d'une "initiative de résiliation". "Les mesures pour mieux concilier vie professionnelle et privée, promouvoir la formation et la formation continue ainsi qu’une prestation transitoire pour les chômeurs âgés représentent les meilleures réponses pour que la libre circulation des personnes profite à toute la population", estime-t-il.
ats/gma