En achetant son billet sur l'application mobile des CFF, chaque voyageur laisse derrière lui un profil digital relativement complet.
Pour rester anonyme, la seule solution consiste à continuer à utiliser des automates à billets. C'est le choix de Volker Birk, informaticien et porte-parole du "Chaos Computer Club", une organisation de hackers.
"C'est de la surveillance. D'abord, il y a la création d'un profil personnel. Ensuite, ils font un profilage de mes déplacements (..) moi, je ne veux pas être surveillé et je ne comprends pas en quoi ça devrait être nécessaire", explique-t-il ainsi.
Le swisspass, traqueur de données
Avec le swisspass, chaque voyageur livre une photo passeport, une adresse, un numéro de portable et une année de naissance.
L'application CFF enregistre aussi les lieux de départ et d'arrivée, l'horaire des trajets, le type de billet et la classe dans laquelle l'usager voyage.
Enfin, en utilisant la fonction "easyride", qui automatise l'achat de ticket en fonction des déplacements effectués, le client permet aux CFF d’enregistrer ses données GPS. Plus de 500'000 personnes utilisent déjà cette fonction.
"Ce qui me dérange, c'est l'absence de transparence", dit Michel Jaccard avocat spécialiste droit digital dans le 19h30. "J'aurai bien voulu être rendu attentif au fait qu'en utilisant cette application, on allait récolter sur moi beaucoup plus de données que les données qui sont strictement nécessaires à l'achat d'un billet".
Au-delà de la loi ?
Selon Adrien Lobsiger, préposé fédéral à la protection des données, cette collecte va même au-delà de ce que la loi autorise: "Les données de déplacements sont très sensibles. Très rapidement, on aboutit à un profil de localisation, on sait où chacun travaille, dort, va chez le médecin (...) c'est très délicat."
Avec tous ces renseignements, les CFF possèdent aujourd'hui sur leurs serveurs une véritable mine d'or numérique.
Publicités ciblées: les CFF relativisent
Et ces données servent déjà à de la publicité ciblée. ll suffit parfois de faire une recherche de trajet pour voir apparaître des publicités liées aux lieux de départ ou d'arrivée.
Les CFF répondent de leur côté qu'ils prennent la protection des données très aux sérieux.
"La collecte de données sert avant tout au confort des voyageurs. Avec Easyride, il n'y a plus besoin de réfléchir à son trajet ou de connaître le système pour voyager. Les données ne sont pas récoltées à des fins marketing, mais pour proposer un service", explique Markus Basler, responsable marché digital des CFF.
Et d'ajouter: "Les données ne sont jamais livrées brutes aux annonceurs. Chaque utilisateur peut simplement désenclencher les publicités dans l'application".
Ces prochains temps, la récolte de données devrait toutefois encore augmenter avec la nouvelle application SmartWay.
Mathieu Lombard/ther