Moins de dix bêtes ont été euthanasiées, dont une sans que son
propriétaire n'y soit contraint, révèle une enquête de l'ATS auprès
des cantons.
La Suisse centrale semble la plus expéditive, avec cinq
euthanasies décidées. Dans les cantons d'Uri, Schwytz, Obwald et
Nidwald, les trois-quarts des chiens dénoncés ont été
définitivement endormis. Avant d'en arriver là, les autorités
disposent de tout un arsenal.
Elles font généralement d'abord examiner l'animal par un expert
comportementaliste. Elles peuvent ensuite astreindre le
propriétaire à munir son chien d'une muselière, à le tenir en
laisse ou à suivre avec lui des cours de cynologie et de
dressage.
Tout cela charge les offices vétérinaires. En Valais, qui connaît
une loi plus restrictive encore, on estime entre 15 et 20 % le
travail supplémentaire. A Neuchâtel, qui connaît lui aussi de
telles mesures depuis plusieurs années, le vétérinaire juge la
charge supplémentaire pour son office à près de 40 %.
Application inégale
Dans quelques rares cantons en revanche, on se demande si la
nouvelle ordonnance fédérale est réellement appliquée. Un seul cas
a ainsi été annoncé au Tessin et trois aux Grisons.
Le vétérinaire de ce canton justifie ce faible chiffre par le fait
que le problème des chiens dangereux n'est pas aussi ténu à la
campagne que dans les agglomérations. Avant que l'annonce soit
obligatoire, aucun cas de morsure n'avait d'ailleurs jamais été
dénoncé, précise-t-il.
Exception vaudoise
A Genève en revanche, si le nombre d'annonces n'a guère évolué
depuis mai, une dizaine par mois, davantage proviennent de
médecins. Vaud se distingue particulièrement puisqu'aucun cas de
morsure n'a été annoncé dans le cadre de la procédure obligatoire
introduite le 2 mai.
Selon le vétérinaire cantonal adjoint, René Combremont, les
médecins ne sont pas encore assez au courant de l'obligation
d'annoncer. Son office ne les a pas encore informés. Pour le
vétérinaire vaudois, la mesure est peu efficace car les
vétérinaires et autres éducateurs canins se trouvent face à un
conflit d'intérêt en devant dénoncer des clients. En revanche, son
office a recensé une soixantaine d'annonces «non obligatoires»,
toujours plus nombreuses, de la part de communes ou de
particuliers.
Sur les sept cas annoncés dans le Jura, deux l'ont été par des
médecins, les autres provenant de vétérinaires, de victimes
d'agression ou de détenteurs de chiens.
Aussi en Suisse allemande
Preuve que les mesures portent leurs fruits, le nombre
d'annonces, donc de chiens potentiellement dangereux contrôlés, est
en hausse, constate de son côté le vétérinaire cantonal
bernois.
L'Office vétérinaire lucernois a ainsi reçu en six semaines autant
d'annonces qu'en une année normale. Bergers en tête A
Bâle-Campagne, on en est à une moyenne d'une annonce par jour,
alors qu'en Valais, on compte une à deux annonces par semaine. Mais
aucune ne concerne un animal de la liste des 12 chiens interdits
dans ce canton.
Ailleurs aussi, les chiens de combat et autres molosses ne sont
pas les plus dénoncés. Le vétérinaire cantonal lucernois constate
que les chiens bergers sont surreprésentés dans les cas qui lui
sont annoncés. Et à Soleure, les quatre annonces concernent quatre
bergers allemands ou belges.
ats/cab
Des réactions plutôt positives
Dans la plupart des cantons, les nouvelles mesures sont jugées positives et le système fonctionne, même s'il est encore tôt pour dresser un véritable bilan.
La plupart des vétérinaires cantonaux relèvent les effets préventifs de cette loi.
Les propriétaires de chiens sont plus prudents et acceptent globalement bien les nouvelles règles.
Les oppositions à la nouvelle ordonnance sont rares.
Certains médecins critiquent toutefois l'obligation d'annoncer des morsures, invoquant le secret professionnel, a indiqué à l'ATS le vétérinaire cantonal grison Kaspar Jörger