La défaite historique du PDC à l'exécutif jurassien est une déconvenue de plus pour le parti. Entre divisions internes et sièges perdus aux Chambres fédérales également, la formation traverse une crise inédite.
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Invitée lundi dans La Matinale, la présidente du groupe du centre aux Chambres fédérales Andrea Gmür ne s'éternise pas sur ces échecs. "Ce qui est maintenant urgent, c'est de discuter très tôt des grands thèmes pour pouvoir s'accorder sur une stratégie", explique la conseillère aux Etats lucernoise dans un français parfait. "La gauche et la droite peuvent ensuite choisir de nous suivre." Pas de temps à perdre pour le centre: les Suisses se rendront à nouveau aux urnes le 17 mai prochain, et les prochaines élections cantonales dans le Jura auront lieu le 18 octobre.
Débat ouvert sur l'identité chrétienne
A ces défis s'ajoute un grand débat sur l'identité du parti. Andrea Gmür l'admet: le "C" (pour "chrétien") est discuté au sein de la formation, particulièrement par les jeunes membres. Alors que la conseillère fédérale Viola Amherd ne l'estime pas nécessaire et rappelle notamment que le parti se nomme Partito popolare democratico (PPD) au Tessin, Andrea Gmür y reste attachée. "Je suis d'avis de le maintenir, car il symbolise nos valeurs, la solidarité, la liberté, la dignité humaine et la famille", défend-elle.
En février dernier, la direction a lancé un sondage interne sur la présence du "C", liée à l'identité du parti qui s'est historiquement d'abord défini comme catholique et conservateur. Objectif de l'enquête: mobiliser les troupes et regagner du terrain. Les élections fédérales de 2023 occupent déjà les esprits des démocrates-chrétiens.
Coronavirus et affaire Crypto au menu des parlementaires
Ces prochains jours, le groupe PDC (38 PDC, 3 PEV, 3 PBD) promet de ne pas chômer, car la session parlementaire du printemps s'ouvre lundi dans un contexte particulier, marqué par le coronavirus et l'affaire d'espionnage Crypto qui a éclaté il y a deux semaines: la CIA et les services de renseignement allemands auraient, durant des dizaines d'années, intercepté des milliers de documents via des appareils de chiffrement truqués de l'entreprise zougoise Crypto. Ils auraient aussi écouté les conversations de plus de 100 Etats étrangers.
Andrea Gmür estime qu'une commission d'enquête parlementaire n'est à ce stade pas nécessaire. "La Délégation des commissions de gestion a déjà ouvert une enquête et l'ancien juge fédéral Niklaus Oberholzer a été chargé par le Conseil fédéral [de faire la lumière sur le dossier]." Un rapport est attendu d'ici fin juin.
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Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Alexia Nichele