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Ces 125 communes en Suisse qui ne naturalisent (quasiment) jamais

Ces communes qui ne naturalisent jamais: interview de Philippe Wanner
Ces communes qui ne naturalisent jamais: interview de Philippe Wanner / Forum / 3 min. / le 2 mars 2020
En matière de naturalisation, les pratiques en Suisse relèvent du grand-écart. Les grandes villes accordent le plus de passeports à croix blanche, alors que certaines communes n'ont naturalisé personne en 25 ans, révèle une étude.

Rueyres (VD), Kandergrund (BE) ou Wintersingen (BL): ces communes ont en commun de n'avoir pas naturalisé le moindre étranger depuis 1992. En Suisse, 122 autres communes sont dans le même cas, révèle une étude de l'Université de Genève consacrée aux pratiques locales en matière de naturalisations, s'appuyant sur des informations inédites de la Commission fédérale des migrations (CFM).

Ces dernières années (2011-2017), les communes qui n'ont naturalisé personne étaient même plus nombreuses, 261. A l’autre bout du spectre, les grandes villes sont celles qui naturalisent le plus, en chiffres absolus. Pour la période 2011- 2017, Zurich est en tête, avec près de 17'000 personnes naturalisées, suivie de Genève (9760), Lausanne (6019), Bâle (4975) et Winterthour (3368).

"La crainte de l'échec peut stigmatiser dans les petites communes", explique le démographe Philippe Wanner, l'un des auteurs de l'étude, dans l'émission Forum. Alors que l'anonymat plus grand dans les villes peut, au contraire, décomplexer les personnes au moment d'entreprendre cette démarche.

Les jeunes davantage dans les grandes communes

D'autres facteurs structurels peuvent expliquer les différences existant entre communes rurales et urbaines: les étrangers qui se décident à se naturaliser sont plus souvent des jeunes, qui ont également davantage tendance à se retrouver dans les plus grandes communes.

Si l’on considère le taux de naturalisation, c’est-à-dire le nombre de naturalisations pour 100 étrangers, les villes sont également en tête, avec néanmoins des différences notables entre les dix plus grandes d'entre elles: Lucerne à 2,3%, Zurich à 2,0%, Genève à 1,8%, Lausanne à 1,6%, Berne et Bienne à 1,0%.

Tradition romande

Sans parler de véritable "röstigraben", de petites différences existent bel et bien entre les régions linguistiques, indique Philippe Wanner. Notamment, la "tradition" des cantons romands de faciliter la naturalisation des jeunes étrangers de deuxième généralisation.

L'attitude des autorités est également déterminante: à partir du moment où une commune, comme Genève, lance une campagne pour encourager la naturalisation, les étrangers se sentent invités, et le nombre de procédures de naturalisation augmente.

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Propos recueillis par Renaud Malik/kkub

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